Deux mille vingt-et-un, chouette année. Ou plutôt année de la chouette. On ne l’a pas assez dit, mais l’an dernier n’était pas l’année du virus à couronne, de la énième vague de gouttelettes, de la piqûre dans le bras gauche (sauf pour les gauchers comme moi, c’est une discrimination intolérable) ou du QR code en guise de sésame. Non. Vingt-et-un fut l’année de la chouette.

Car chaque année, on décide dans les hautes sphères (qui ne sont ni très hautes ni forcément sphériques) quel sera l’animal de l’année. Afin de lui donner une réjouissante visibilité. Pour vingt-et-un c’est réussi: on a parlé que de la chouette, c’est chouette.

Pauvre chouette et pauvre Guy. Ils ont été éclipsés par un virus à couronne et un ministre à tonsure

La pauvre. Elle n’a pas eu toute l’aura qu’elle méritait. Elle partage le destin pathétique de Guy Parmelin. Président pile l’année où l’on écoute que le ministre de la Santé, notre Alain Berset haï ou préféré (c’est selon les jours). Berset qui lui-même deviendra président en vingt-quatre, pile l’année de la fin du Covid (de là à penser qu’il est derrière tout ça, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas, le terrain est trop variant). Pauvre chouette et pauvre Guy. Ils ont été éclipsés par un virus à couronne et un ministre à tonsure.

Je ne vais pas faire de parallèle entre l’animal de l’année et le président de la Confédération. Mais quand même. Il y a quelques similitudes étranges. En général c’est un inconnu qu’on essaie de mettre en avant pour nous prouver son utilité dans son écosystème.

Pour l’an vingt-deux, les heureux élus sont Ignazio Cassis et le lérot. Deux petits rongeurs (ça fait un moment que le Tessinois ronge son frein au Palais fédéral). Très discrets tous deux, ils sont presque invisibles mais peuvent provoquer de gros dégâts. S’ils donnent l’impression de dormir le jour, c’est qu’ils vivent la nuit. L’un est appelé le loir des greniers. Le lérot aussi.

A la place des autres conseillers et conseillères fédérales, je me méfierais quand même. Sous ses airs innocents et ses yeux cernés, lors de la saison des amours, le lérot dévore ses rivaux. Heureusement il n’y a pas de saison des amours au Palais fédéral.

A noter, une différence essentielle: le lérot (tel le lézard) est capable de perdre sa queue lorsqu’il se sent attaqué. J’espère que notre président ne sera pas trop pris à partie par nos voisins européens cette année.

En fait, l’animal de l’année, comme notre président, ne fait pas l’unanimité. Plusieurs associations ou institutions déclarent leur propre «année de». Au niveau mondial, l’ONU, nous annonce l’année internationale du développement durable dans les régions montagneuses, le Haut appréciera. Ainsi que l’année internationale de la pêche et de l’aquaculture artisanales, il en faut aussi pour le bas. Ils ont le sens de la diplomatie cantonale à l’ONU.

Vingt-deux, les v’là, la chronique de Christophe Bugnon

Retrouvez la chronique hebdomadaire de l’humoriste neuchâtelois Christophe Bugnon. Ce vendredi, il se lâche sur… l’année du lérot.