Allemagne 1987, Paris 1942. En s'inspirant librement de deux événements historiques, la rafle du Vél'd'Hiv et l'opération Meuble, Mercedes Deambrosis, écrivaine d'expression française née à Madrid, raconte une enquête policière. Elle suit ses différents personnages à travers des scènes qui se déroulent à des moments et sur des lieux distincts. Pendant l'Occupation, trois jeunes filles sont égorgées. Lambert enquête, mais son commissaire a d'autres chats à fouetter, en ces temps troublés, ces pauvres corps ne sont que «trois macchabées de plus». De leur côté, Adélaïde et Albert Meïer attendent leur sort au Vél'd'Hiv. Certains sauront profiter de leur absence et exploiteront le sort cruel des juifs pour s'enrichir. Près de cinquante ans plus tard, Lambert reprend son enquête.
Parallèlement, en Allemagne, le jeune Samuel Liesestein, soldat et étudiant en histoire, se persuade que le prisonnier dont il a la charge, Rudolf Hess, condamné à la prison à perpétuité au procès de Nuremberg, n'est pas celui qu'on croit.
Dans ce roman de destins croisés, des personnages pittoresques, comme Germaine qui fréquente les maisons closes mais ne fait pas le tapin parce qu'elle a des «aspirations», côtoient des hommes honnêtes tels que Lambert, des frères trop gâtés par leur mère pour se préoccuper du sort de leur s½ur, des profiteurs sans scrupules, mais aussi de froides machines à tuer qui manquent de profondeur et de nuances, et convainquent moins.
Quelques scènes versent complaisamment dans la violence, celle des Allemands à Varsovie, celles des meurtres du tueur en série, ou lorsque Lambert aperçoit des tortures commises par les occupants.
On peut saluer l'ambition de ce roman qui traite un thème politique, brasse beaucoup de personnages, de lieux et d'époques différents, et ne manque pas de souffle, mais émettre des réserves quant à l'écriture qui manque parfois de précision et au ton occasionnellement empathique et qui a tendance à tomber dans le pathos.
«Juste pour le plaisir», Mercedes Deambrosis, éditions Buchet/Chastel