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Un univers de mime et de bruitage

Clown, mime, bruiteur et poète révélé dans «Saltimbanco», spectacle emblématique du Cirque du Soleil, le Français Julien Cottereau poursuit depuis 2006 une carrière solo. Dans «Imagine-toi», qu'il présente à travers le monde depuis trois ans, il nous emmène dans un univers où le réel et l'imaginaire se rejoignent. Il sera de passage dimanche au théâtre du Passage.

22 janv. 2010, 10:58

Julien Cottereau est un magicien. Sans aucun décor ni la moindre parole, avec pour seule arme son incroyable talent de mime et de bruiteur, il crée de toutes pièces un univers où tout est possible. Ici, il brave un monstre mugissant, là, il écoute son cœur battre la chamade dans le tohu-bohu d'une discothèque, là encore il convie un spectateur à jouer au foot avec un ballon imaginaire. Entre Buster Keaton, le mime Marceau ou Pierrot lunaire, cet artiste aussi touchant qu'époustouflant aime avant tout jouer avec les gens. Parce que pour lui l'enfance et le partage sont ce que l'humanité a de plus précieux.

Il paraît que dans votre prime enfance déjà vous faisiez le pitre et que vos proches disaient que vous aviez une bouille de clown. Vous sembliez prédestiné à devenir clown…

On ne sait jamais vraiment si on était prédestiné ou pas à faire quelque chose. Mais ce qui est sûr, c'est que tout petit déjà, dès que je voyais une scène avec de la musique, je montais dessus et me mettais à danser. Les gens rigolaient de la joie que j'exprimais. Dès que j'ai eu l'âge de faire du théâtre, j'en ai fait. Cela m'a permis de me débarrasser de ma timidité dans la vie. Lorsque j'étais sur scène, je me sentais inspiré et devenais quelqu'un de beaucoup plus libre et heureux. Lors de la première pièce que j'ai jouée au collège, «L'Impromptu de l'Alma» de Ionesco, j'avais déjà obtenu d'aller dans la salle m'asseoir sur les genoux des spectateurs. J'ai toujours voulu jouer avec les gens et faire que le théâtre lui-même soit le lieu de la dérision.

Votre carrière a réellement décollé en 1994 lorsque vous avez repris le rôle du clown Eddy dans «Saltimbanco». Qu'est-ce que le Cirque du Soleil représente pour vous?

Il m'a fait voyager. Il m'a donné une scène très grande et riche en potentialité. Il a été un vrai apprentissage, un vrai voyage initiatique. J'ai remplacé le clown René Bazinet qui avait alors 40 ans - mon âge actuel - et 20 ans d'expérience, et qui était un peu le papa de la troupe dont la moyenne d'âge était de 23 ans. Ça a aussi été une véritable initiation pour me faire accepter par la troupe. Avec moi, le spectacle a perdu en excellence et en technicité mais il a gagné en cœur. Cette expérience a été essentielle pour moi, une vraie école de la vie. A tel point qu'un jour je pense écrire un livre sur le sujet.

A fin 2005 vous quittez le Cirque du Soleil. Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ce pas?

Je suis parti pour pouvoir réaliser mon spectacle solo. J'ai quitté le Mexique pour Paris où je comptais écrire mon spectacle. Cela m'a pris six mois. Je l'ai présenté à Avignon en 2006, puis ai reçu le Molière 2007 de la révélation masculine. Après une expérience infructueuse avec un producteur, j'ai racheté les droits de mon spectacle. Depuis, je n'ai pas cessé de le tourner. Au début les salles n'étaient pas toujours pleines, aujourd'hui elles le sont partout où je vais. Le métier de clown est un passeport entre les gens, les cultures, les générations, les classes sociales. Il permet de transformer la tragédie en comédie. C'est un art générateur et fédérateur. Et puis être clown, c'est être musicien, comédien, danseur, magicien et philosophe à la fois. Cela permet d'abattre les frontières, quelles qu'elles soient. Et c'est ça que je veux.

N'êtes-vous pas à la longue lassé de présenter le même spectacle?

Non, car je joue avec le public et j'ai encore beaucoup de gens de cultures différentes à rencontrer. Il y a toujours un devenir, un intérêt. Et le spectacle évolue sans cesse, les gags se renouvellent.

Vous avez présenté des spectacles et animé des ateliers en Palestine, Afghanistan et Soudan l'association Clowns sans frontières. Pourquoi ce choix?

Cela me paraissait évident de donner du rire à des enfants oubliés. Un proverbe dit que «nous n'héritons pas la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants». Jouer devant un public d'enfants-clowns qui ont grandi dans la rue ou dans un camp et qui ont l'habitude de recevoir des coups est extraordinaire. La force du clown, c'est de se moquer des hommes tout en révélant leur innocence. /CGR

Neuchâtel, théâtre du Passage, dimanche à 17 heures

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