Entre-temps, le Neuchâtelois a pris deux semaines de vacances et s'est (dé)battu jusqu'à fin juin contre une tendinite au genou contractée début mai lors d'un tour à vélo. «Cela m'a notamment empêché de faire des écoles de courses et de sauts. Avec Florian Lorimier, on a dû adapter mon programme. J'ai également manqué le camp de l'équipe de Suisse à Majorque, spécialement consacré... au vélo. Finalement, on a bien bossé. Je ne me sens pas moins bien que l'an dernier. Je manque juste un peu de foncier.»
Avec le recul, j'ai vraiment pris conscience de ce que j'ai réussi à faire. Mon but a toujours été de gagner des courses, mais je n'avais jamais pensé - ou alors très secrètement... - pouvoir être le gars le plus régulier dans une discipline sur l'ensemble d'une saison. Même si, en 2002, je n'étais pas passé très loin d'un globe en super-G et en géant.
Non. Je n'ai jamais mis plus d'intensité avant une saison où ça a bien marché. Je cherche toujours à me préparer de manière professionnelle, que ce soit physiquement, sur la neige ou sur le plan du matériel. Je n'ai jamais lésiné sur les séances d'entraînement. Le succès ne change en rien ma manière d'aborder l'été.
Au fond de moi, je sais que faire juste moins bien, ce sera encore magnifique. Dans le monde du ski, on connaît la valeur d'une place dans le top 10.
On va vouloir que je fasse aussi bien, si ce n'est mieux. Cela ne me fait pas peur, même si tout peut se jouer sur quelques centièmes ou dixièmes de seconde. Avec le chrono contre soi, on peut faire une magnifique saison dans le top 10, mais sans jamais monter sur le podium. Il faudra faire preuve de recul et de patience si tout ne se déroule pas comme je le souhaite. Des problèmes, il y en aura. Il s'agira de ne pas s'énerver et de garder le cap sur la saison entière. Quand il y a des séries de podiums et que tu sors une fois des dix premiers, certains commentaires font sourire. C'est comme pour Federer, dont on annonce la fin de règne à chacune de ses défaites. Et deux semaines plus tard, il regagne un Grand Chelem...
Non. J'ai besoin d'une longue coupure, pour le corps et l'esprit. Trois mois sans skier, c'est l'idéal pour repartir sur de bonnes bases techniques.
On a commencé par du ski libre. Quand la neige n'est pas trop molle, on arrive à sentir certaines différences dans les skis, qui peuvent être différents dans la construction et les matériaux utilisés. Je cherche à avoir des informations pour procéder à un premier tri. En ski libre, je mets la même puissance qu'entre les piquets. Je cherche à reproduire une performance technique qui soit proche de la perfection, je me concentre sur la gestuelle et le contrôle de la vitesse. Tant qu'il n'y a pas de chronomètre, l'ambiance est plus «saine» entre les coureurs. Après, on commence à s'observer et à se demander pourquoi on a perdu du temps... Les mêmes journées sont plus fatigantes.
Oui et non. Pendant trois mois, avec trois ou quatre heures de condition physique par jour, je vous jure que l'on n'est pas en vacances, même si cela laisse du temps à côté. La reprise sur neige marque le début des incessants allers et retours entre la maison et les pistes. On passe d'un travail à mi-temps à un travail à temps complet. Remettre les skis, c'est la jolie partie du boulot.
S'il avait fait moins chaud, on aurait passé les premiers piquets le deuxième jour déjà. A Zermatt, la semaine prochaine, on s'approchera d'un entraînement normal, avec des variations et de la difficulté dans les tracés.
Avec un premier stage technique à Ushuaïa, puis un stage de vitesse à Las Leñas. C'est le gros bloc, c'est là-bas que l'on trie les skis. Je vais en prendre une cinquantaine de paires pour la descente, le super-G, le géant et même le slalom, histoire d'avoir un maximum d'atouts dans mon jeu l'hiver prochain, au cas où je me retrouverais en position de remporter le général... / PTU