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«Que le Hamas s'effondre!»

Le premier ministre israélien Ehoud Olmert veut aider Mahmoud Abbas pour contrer le Hamas, dont il souhaite l'effondrement. Mais il n'accorde aucune valeur au référendum lancé par le président palestinien Le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, arrive aujourd?hui à Paris, où il rencontrera le président Jacques Chirac et le premier ministre Dominique de Villepin pour leur exposer son projet de retrait unilatéral de Cisjordanie. La France a répété à plusieurs reprises qu?elle s?opposerait à toute reconnaissance internationale de frontières déterminées de façon unilatérale. Mais la visite du successeur d?Ariel Sharon se déroule sur fond de relations apaisées depuis quelques mois entre Israël et la France. Ehoud Olmert, qui a noté des évolutions positives dans la politique de Paris au Proche-Orient, espère atténuer les réserves de la France et de l?Europe, qui souhaitent qu?Israël donne une chance au président palestinien, Mahmoud Abbas. Entre-temps, le Conseil législatif palestinien, dominé par les islamistes du Hamas, a reporté hier jusqu?au 20 juin un vote contre le référendum lancé par Abbas sur un plan comportant la reconnaissance d?Israël. Mais la violence interpalestinienne a gagné en intensité. Des activistes du Fatah de Mahmoud Abbas ont en effet incendié à Ramallah les bureaux du gouvernement et du Parlement, dominés par le Hamas, tandis que des heurts meurtriers ont opposé les deux groupes à Gaza. / ap

13 juin 2006, 12:00

Quel est l'objectif de votre tourn?e en Europe?

Ehoud Olmert: Je souhaite d?velopper une relation beaucoup plus ?troite avec l'Europe. Je veux y exposer mon programme de r?alignement (ndlr: plan de retrait en Cisjordanie) et discuter avec Jacques Chirac des diff?rentes dimensions et opportunit?s li?es ? ce projet. Je veux aussi lui parler de mon d?sir de stabiliser la situation ? la fronti?re nord d'Isra?l avec le Liban. Je consid?re que son action peut apporter une contribution majeure, pour changer la situation dans cette r?gion.

La France affirme pourtant que les fronti?res entre Isra?l et les Palestiniens doivent ?tre d?termin?es ? travers des n?gociations.

E.O.: En principe, la strat?gie de la n?gociation a aussi notre pr?f?rence. Nous devons v?rifier si ce choix est r?aliste, s'il existe un partenaire. Pour l'instant, les Palestiniens s'entre-tuent, le Hamas est au gouvernement. Que se passera-t-il si, en d?pit de nos efforts et de ceux des Europ?ens et des Am?ricains, rien ne se produit? Devons-nous attendre sans rien faire pendant encore 5, 10 ou 15 ans?

Je veux entendre les conseils du pr?sident Chirac et lui faire part de mes inqui?tudes. Je veux voir s'il peut y avoir un cadre au sein duquel nous pouvons joindre nos forces pour faire avancer les choses, au cas o? les Palestiniens ne seraient pas pr?ts.

Vous vous dites pr?t ? rencontrer Mahmoud Abbas. De quoi souhaitez-vous discuter avec lui, lui qui voudrait d?battre du statut final d'un ?tat palestinien?

E.O.: Les fantasmes sont le privil?ge des grands hommes. Mahmoud Abbas a le privil?ge de r?ver. Mais si l'on examine de fa?on r?aliste la situation dans laquelle il se trouve, je r?ve pour lui qu'il parviendra ? s'imposer face au Hamas.

Je r?ve pour lui qu'il aura le pouvoir de forcer le Hamas ? adopter et ? appliquer les principes ?dict?s par le Quartette (ndlr: Union europ?enne, Etats-Unis, Russie, Otan). S'il accomplit tout cela, alors nous pourrons commencer ? parler de la strat?gie ? long terme.

Il a adopt? une attitude plus dure vis-?-vis du Hamas, en convoquant un r?f?rendum ent?rinant la solution de deux ?tats. Devient-il un partenaire ? vos yeux?

E.O.: Je le f?licite pour ce d?but de nouvelle approche. Mais c'est une affaire interne ? l'Autorit? palestinienne. Dans le contexte de sa comp?tition avec son opposition, cela a peut-?tre un sens. Mais il convoque un r?f?rendum pour un projet qui ne constitue m?me pas le d?but d'un commencement pour des n?gociations entre nous et les Palestiniens.

La lettre des prisonniers ne parle pas de d?sarmer les organisations terroristes. Elle leur offre au contraire un statut officiel. A aucun moment elle n'?voque la paix avec Isra?l, ni son droit d'exister. Pour nous, comme pour la communaut? internationale, il existe trois principes: d?sarmer les organisations terroristes, reconna?tre le droit d'Isra?l d'exister en tant qu'?tat juif au Proche-Orient et accepter tous les accords liant, depuis 1993, l'Autorit? palestinienne ? Isra?l.

Ce r?f?rendum risque d'entra?ner l'organisation de nouvelles ?lections c?t? palestinien, quel espoir pouvez-vous offrir aux ?lecteurs mod?r?s?

E.O.: Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour renforcer le statut de Mahmoud Abbas, afin qu'il puisse remplir les crit?res permettant d'entamer un processus de paix. Je ferai tout ce que je peux pour subvenir aux besoins humanitaires des Palestiniens.

Nous sommes pr?ts ? participer aux initiatives pour transf?rer de l'argent ? des fins humanitaires ? l'Autorit? palestinienne, y compris ? travers le m?canisme envisag? par l'Union europ?enne, ? condition que de l'argent ne soit pas vers? pour les salaires de l'administration et qu'il n'y ait pas de soutien direct ou indirect ? des agences gouvernementales.

Les Palestiniens cherchent un horizon politique...

E.O.: C'est une perspective politique: je suis pr?t ? aider Mahmoud Abbas, parce que je veux qu'il soit la force dominante au sein de l'Autorit? palestinienne.

Redoutez-vous que la tension dans les territoires ne conduise ? une guerre civile et ? un effondrement de l'Autorit? palestinienne?

E.O.: Nous ne sommes pas loin de la guerre civile. Ils se tirent d?j? dessus. L'Autorit? palestinienne est aujourd'hui domin?e par une organisation terroriste, une bande de tueurs qui ont du sang sur les mains. Je crois que Mahmoud Abbas est l'instrument l?gitime des Palestiniens, pour essayer de changer les choses. Je crains aussi pour sa vie. C'est pourquoi nous avons autoris? la vente d'armes ? sa garde pr?sidentielle, pour le prot?ger.

?videmment, nous redoutons une confrontation violente au sein de l'Autorit? palestinienne. La voulons-nous? Non. Je veux que le gouvernement du Hamas s'effondre sans violence. Mais je veux aussi que ce gouvernement terroriste s'effondre, pour que des gens civilis?s puissent prendre le contr?le et reconstruire l'Autorit?, des gens avec lesquels nous pourrons parler.

Combien de temps ?tes-vous pr?t ? attendre avant de lancer votre plan de ?r?alignement? en Cisjordanie?

E.O.: J'attendrai les Palestiniens, mais pas pour toujours. Si nous parvenons ? la conclusion, apr?s un d?lai raisonnable et en concertation avec nos partenaires de la communaut? internationale, qu'ils ne sont pas pr?ts, nous avancerons sans avoir un accord. Aucune personne sens?e ne peut exiger de nous d'attendre une minute s'il n'y a aucune chance de faire avancer les choses.

Votre plan de ?r?alignement? coupe la Cisjordanie en plusieurs morceaux, compromettant ainsi la contigu?t? territoriale d'un futur Etat palestinien. Pourra-t-il ?tre viable?

E.O.: Rien n'emp?chera la contigu?t? du territoire palestinien. Comment? Cela reste ? voir. J'ai des id?es. Mais je ne suis pas en position de d?voiler tous les aspects du plan avant d'avoir explor? toutes les possibilit?s de n?gocier avec les Palestiniens.

Les Palestiniens r?vent d'un Etat avec J?rusalem-Est pour capitale. Etes-vous pr?t ? partager J?rusalem?

E.O.: Non. J?rusalem a ?t? la capitale d'une seule nation ? travers l'histoire. C'est la nation juive. J?rusalem restera toujours la capitale d'une seule nation. Elle est aussi la ville des juifs, des musulmans et des chr?tiens. Elle restera ouverte, pour d?fendre la libert? religieuse de chacun.

La ?barri?re de s?curit? sera-t-elle la fronti?re d?finitive de l'Etat h?breu?

E.O.: La barri?re de s?curit? sera ajust?e aux fronti?res, et non l'inverse. La ligne finale de la barri?re sera d?termin?e par le trac? exact des fronti?res.

Ces fronti?res engloberont-elles les blocs de colonies?

E.O.: Dans sa lettre du 14 avril 2004, le pr?sident Bush dit qu'il comprend que, en derni?re analyse, les changements d?mographiques auront un impact et qu'Isra?l ne devra pas se retirer de ces blocs d'implantations. Je souscris totalement ? sa vision.

A propos de l'Iran, l'approche diplomatique suivie par les Etats-Unis et l'Union europ?enne peut-elle emp?cher T?h?ran de se doter de l'arme nucl?aire?

E.O.: Je n'en suis pas certain. Mais c'est une ?tape incontournable pour trouver une r?ponse ? cette question. Nous sommes tous d?termin?s ? ne pas permettre aux Iraniens de poss?der l'arme nucl?aire. Cela aurait un effet d?vastateur sur le monde entier. Cela forcerait d'autres pays, notamment dans le Golfe, ? se doter de l'arme nucl?aire, mena?ant la stabilit? du monde. Nous ne sommes pas le principal acteur dans cette affaire. Il est de la responsabilit? des grandes puissances et des Nations unies de joindre leurs efforts pour combattre efficacement cette menace. / PSP-Le Figaro

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