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Nouvel épisode judiciaire dans l'affaire du trafic de viande

L'impressionnant trafic de plus de 600 tonnes de viande qui avait tenu le haut de l'affiche à la fin des années 1990 a fait un retour remarqué hier au Tribunal du Val-de-Travers. Juste deux côtelettes de plus sur 600 tonnes de viande. C'est l'image employée par l'avocat de Bernard* qui comparaissait, hier, devant le Tribunal de police du Val-de-Travers, présidé par le juge Laurent Margot. Prévenu d'avoir importé illégalement 11 tonnes de viande de b?uf et de porc confondues, l'homme avait déjà été condamné en 2005 par le Tribunal correctionnel de Boudry pour des faits similaires. A la différence que le trafic visé à cette époque portait sur quelque 603 tonnes de viande supplémentaires. «L'une des plus vastes affaires que la Suisse n'ait jamais connues», soulignait encore hier le mandataire de la Direction générale des douanes.

27 mars 2008, 12:00

Bien qu'ayant déjà été démasqué pour ce premier trafic (1993-1995), Bernard repartait aux affaires au côté de deux acolytes en 1997. «Contrairement à ce qui a été dit au procès de Boudry, je ne me suis pas enrichi», a-t-il déclaré. «Je me suis même endetté.» Epaulé par Bastien*, le chauffeur, et par Loïc*, qui tenait le rôle d'éclaireur, Bernard relançait donc sa petite entreprise. Au milieu de la nuit, les prévenus prenaient ainsi le volant direction la France voisine pour aller s'approvisionner en viande rouge. Le chargement effectué, les compères sonnaient le retour. Equipé d'une radio destinée à espionner les communications des gardes-frontière, Loïc précédait ensuite d'un à deux kilomètres la voiture conduite par Bastien. Histoire d'éviter toute «mauvaise» rencontre. Quelques jours plus tard, Bernard versait à Bastien le salaire convenu. Environ 4 francs par kilo à se partager avec Loïc.

«En Suisse, on vend du filet de vache au prix du filet de b?uf», s'est exclamé Bastien devant le juge Laurent Margot. «Dans ce pays on devrait aussi avoir le droit de manger le top du top. D'ailleurs, les gens en redemandaient et personne n'est tombé malade.»

Une envolée répondant directement aux propos de l'avocat de la Direction générale des douanes qui avait lancé: «Va-t-on encore longtemps tolérer qu'une bande de contrebandiers joue avec la santé des consommateurs?»

Très remonté, l'avocat de Bernard a, lui aussi, tiré à boulet rouge sur les douanes, les accusant notamment de harceler son client depuis 15 ans. Il a, en outre, mis en doute la validité de l'actuelle loi sur les douanes, en regard des accords signés entre la Suisse et l'Organisation mondiale du commerce.

Reportant le prononcé d'un jugement à une date ultérieure, le juge Laurent Margot a, pour sa part, souhaité obtenir des extraits de casiers judiciaires récents des prévenus. A noter encore que des amendes de 150 000, 120 000 et 80 000 francs ont été requises par le Ministère public contre les trois prévenus. Sans compter les taxes à régler aux douanes s'élevant à plusieurs centaines de milliers de francs. /YHU

*Prénoms fictifs
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