Heureux de voir le soleil dominer les nuages après avoir répété sous l'orage, il disait espérer entendre le public prononcer les incantations d'Orphée dans ses prières adressées à Zeus. Philologue et docteur en grec ancien, Matteo Capponi se trouvait dans les jardins du Laténium, à Hauterive, samedi soir, avec la compagnie Stoa, à l'occasion de la Nuit des musées.
Spécialisée dans l'art de traduire et mettre en scène la poésie antique, la compagnie a ravi, avec ses dix représentations du mythe d'Orphée, les visiteurs - pas excessivement nombreux en raison du ciel menaçant - qui se sont succédé de 18 à 24 heures sur le site altaripien. Placée sous le thème de "La nuit des mystères", celle du musée cantonal d'archéologie a fait la part belle aux croyances antiques. La mythique Grèce mise à part, ce retour dans l'Antiquité s'est déroulé tout au nord de l'hémisphère éponyme. Ce sont des conteuses sibériennes qui sont venues, vêtues de peaux de bêtes, narrer leurs histoires d'ours polaires à l'affût de gibier. Par leur seul souffle tranquille ou plus haletant, les Sibériennes évoquaient l'attente, la course, puis la paisiblité enfin retrouvée.
Courant venu du Grand Nord aussi puisque son berceau a pour décor la froide Sibérie, selon l'anthropologue Esteban Monnier, le chamanisme a distillé son ésotérisme à travers les jardins du Laténium. Visant à communiquer avec le monde souterrain où chaque être humain est caractérisé pas un animal, le féru de chamanisme a amené les amateurs à découvrir leur animal totem.
Installé dans une pirogue, racontant une histoire rythmée par les sons d'un tambourin, il a guidé les participants jusqu' à les plonger dans un état de semi-conscience. Etat dans lequel chacun a perçu "son" animal protecteur. Les écureuils, cerfs et autres oiseaux peints ensuite sur une fresque attestaient de l'efficacité de l'exercice.