«Ce concept d'une foire par-dessus la frontière a joué un grand rôle dans le fait que nous avons pu mobiliser, pour y participer, une dizaine d'exposants de chez nous, alors que nous sommes encore en pleine saison touristique», déclare Nicole Bézu, directrice de l'Office du tourisme de la vallée de Munster, hôte d'honneur de la manifestation.
Une vallée qui connut son heure de gloire industrielle au XIXe siècle, avec notamment des fabriques d'indiennes, mais dont le tourisme de terroir représente aujourd'hui la principale ressource économique. Et une vallée qui ne se réduit pas à son fromage, quelle qu'en soit la puissance du goût.
Et d'abord, le fromage de Munster lui-même ne se limite pas au munster disponible dans le commerce. Les fermes auberges de la vallée et des montagnes alentours - jusqu'à 1200 mètres d'altitude le servent aussi en dessert, dans sa version fromage frais. On y ajoute un peu de sucre, un filet de crème et une giclée de kirsch: c'est le «Siesskass».
On peut notamment le déguster lors des typiques repas marcaires, qui comprennent notamment la tourte de Munster - 750gr de pâte feuilletée et 1,750 kg de viande hâchée pour huit personnes - et qui obéissent à des règles plutôt strictes. «Dans les fermes auberges qui le servent, 80% au moins des ingrédients du repas doivent être produits par la ferme», indique Nicole Bézu. L'exercice est exigeant également pour les convives, qui ont intérêt à s'être beaucoup dépensés durant la journée: à la tourte de Munster succède le roïgabrageldi, redoutable plat de pommes de terre cuites au four avec beurre, oignons et lard, et qui se mange avec de la palette fumée. Et l'on n'a pas encore touché au fromage et à la tarte aux myrtilles...
Les habitants de la vallée de Munster n'ont apparemment guère de difficulté à faire valoir leur terroir. «Ils cultivent un fort sentiment d'appartenance, pour ne pas dire d'insularité, relève la directrice de leur office du tourisme. Pour les Alsaciens de la plaine, c'est une destination dépaysante, mais à une distance très raisonnable. Nous ne sommes, par exemple, qu'à 20 minutes de Colmar.»
Et on peut y venir dans d'autres buts que manger et boire. A Eschbach-au-Val, au sud de Munster, où elle tient un gîte, Kathya Vuilloud-Nullmeyer travaille «en partenariat étroit» avec l'association Libre, «qui propose des activités de pleine nature à tous publics». Par «tous publics», il faut comprendre qu'on essaie d'y effacer «l'habituelle séparation entre personnes valides et handicapés».
Avec, entre autres, un outil original, mélange de fauteuil roulant, de chaise à porteur et de monocycle: la joëlette. «Avec ça, on fait passer les personnes à mobilité réduite même dans des petits sentiers. Elles peuvent ainsi s'offrir de vraies randonnées.» Et, en la matière, les opportunités ne manquent, dans la vallée de Munster. / JMP