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Londres: inauguration de visites touristiques consacrées aux demeures acquises avec de l'argent sale

L'affaire des Panama Papers donne des idées à certains. Un militant anti-corruption a lancé la première visite guidée des demeures et autres appartements de luxe achetés avec des fonds douteux à Londres.

10 mai 2016, 15:09
Le "Kleptocracy Tour" propose une visite insolite à travers Londres.

"L'idée derrière cette visite est d'attirer l'attention sur le fait qu'il y a un blanchiment massif d'argent à travers le marché immobilier de Londres", a expliqué le militant anti-corruption Roman Borisovich, à l'origine de cette visite baptisée. Il souhaite aussi révéler au grand jour le rôle des "intermédiaires" - avocats, fiscalistes, etc. - sans qui ces opérations seraient impossibles.

Avec à son bord des parlementaires britanniques, des militants anti-corruption et des journalistes, le bus sillonne les plus beaux quartiers de la ville. Roman Borisovich pointe ici des hôtels luxueux en plein coeur des quartiers touristiques, là une maison cossue ou encore un complexe immobilier à l'accès sécurisé.

 

Corruption à portée de regard

"La corruption est souvent vue comme un problème des pays en développement", rappelle Saira O'Mallie de l'organisation One. "Mais, en réalité, nous avons pris conscience que le Royaume-Uni et beaucoup de pays européens et les Etats-Unis facilitent la corruption... C'est là, sous notre nez", ajoute-t-elle.

Plus de 36'000 logements londoniens sont détenus par des compagnies offshore qui possèdent des propriétés dans l'ensemble de l'Angleterre et du Pays de Galles pour une valeur totale de 122 milliards de livres (170 milliards de francs).

Acheter un bien immobilier via ce genre de sociétés peut être une manière de dissimuler l'identité des véritables propriétaires et leur éviter ainsi de payer des impôts ou de justifier leurs revenus.

Ce système est au coeur des révélations, le mois dernier, des "Panama Papers" sur l'évasion fiscale qui ont éclaboussé le Premier ministre David Cameron, contraint d'avouer avoir détenu des parts dans la société offshore de son père Ian, décédé en 2010.

Partie émergée de l'iceberg

Décidé à montrer l'exemple, le Premier ministre pourrait annoncer jeudi un train de mesures destiné à faire le ménage dans son pays en s'attaquant en premier lieu au marché immobilier londonien. Pour Eleanor Nichol, de l'ONG Global Witness, "les propositions du gouvernement sur la transparence en matière de propriété immobilière pourraient signifier qu'il n'est désormais plus possible de posséder secrètement un bien au Royaume-Uni".

Entre 2004 et 2014, des enquêtes ont été menées concernant des biens immobiliers valant au total plus de 180 millions de livres qui étaient suspectés d'être liés à de la corruption, selon l'ONG Transparency International, qui estime qu'il ne s'agit là que "de la partie émergée de l'iceberg".

"Le Royaume-Uni est devenu Monaco dans le brouillard", résume Luke Harding, un journaliste du Guardian qui a aidé à analyser les Panama Papers et participe à la visite.

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