Phakchok Rinpoche est donc un jeune sage. Qui, né avec les signes merveilleux, comme disent les bouddhistes, dans l'un des six clans originels du Tibet, a grandi avec la conscience de ses responsabilités futures. «Mais je n'ai pas eu l'impression d'avoir eu une enfance si différente. Je savais que je devais me préparer, mais j'alternais entre jeux et périodes de travail. C'est devenu vraiment clair, à mes yeux, vers l'âge de 10 ans.»
Etudier, méditer: tels étaient les principaux aspects de l'apprentissage du jeune homme, qui a été ordonné par le dalaï-lama. Mais il n'est pas uniquement versé dans le bouddhisme: «Je m'intéresse aux sciences, aux autres religions. Et à chacun de mes voyages, j'en profite pour poser des questions, interroger les gens que je rencontre sur leur conception du monde.»
Par contre, né en exil, Phakchok Rinpoche n'a pas d'engagement politique: à titre personnel, il regrette évidemment la perte d'indépendance du Tibet, mais, de nature pourtant bavarde, le jeune homme ne s'attarde pas sur le sujet. Un ange passe, les billes courent sur le fil du chapelet... Une autre question?
Dans la salle, rue du Plan, les adeptes s'installent lentement. Saluent Sa Sainteté, s'assoient, chuchotent. Que peuvent-ils bien chercher auprès du jeune lama? La recette du bonheur? Le traducteur, qui parle tibétain à la perfection, discourt longuement. Phakchok Rinpoche hésite, sourit, hoche la tête. «Pour certains, je n'en ai pas la moindre idée. D'autres ne savent pas prendre ce qu'on leur donne. D'autres encore ne voient pas ce qu'on leur montre. Vous vivez dans un pays tellement merveilleux, et pourtant des gens me disent qu'ils ne sont pas heureux... Pourquoi?»
Et de répondre à ses propres questions: «Les gens ne savent plus se satisfaire de ce qu'ils ont. A travers mes enseignements, je voudrais qu'ils soient heureux et qu'ils comprennent ce qu'est le bonheur, d'où il provient.»
Une lourde responsabilité, à 25 ans? «Je leur propose un certain nombre de choses. Qu'ils les saisissent ou non, c'est à deux de décider. C'est ce qu'enseigne Bouddha depuis 2500 ans. Pour ma part, qu'ils soient un, cent ou trois cents, c'est la même chose. Je suis juste heureux si je peux être utile.»
De plus en plus d'Occidentaux sont séduits par la voie de Bouddha. Mais cette mode, si c'en est une, le laisse indifférent: «C'est une démarche individuelle que chacun, quelle que soit son origine, a le droit de faire, de mettre en pratique dans sa vie quotidienne.» Du coup, il boucle ses valises et, quatre mois par an, rejoint ses fidèles, des Etats-Unis au Mexique en passant par l'Allemagne ou Israël: «Je suis tout le temps dans un avion!»
Oui, mais tant de gens s'envolent avec lui... Et n'est-il pas né en 1981, l'année de l'Oiseau de Fer? / FRK
Rue du Plan 3, à Neuchâtel, aujourd'hui et demain de 9h30 à 12h et de 15h à 17h30. Renseignements au tél. 032 861 33 40