Les Potets, comme on appelle les habitants de Sonvilier, y'a pas à dire, faisaient du bruit dans leurs fêtes. Un potet est un toupin, comme chacun sait. Mais les Potets des années 1940 à 1960 ne sonnaillaient pas. Ils tapaient au mortier le début d'importantes festivités: «Les promotions...! S'en réjouir à perdre le sommeil! Les trois coups de mortier, dès 5h du matin, nous annonçaient un début de fête extraordinaire: fanfare en tête, le cortège s'élançait à travers le village.» Ces paroles s'entendent en voix off des films restaurés et copiés sur DVD à partir des originaux en 16 mm.
Pierre-Yvan Zenger, qui connaît très bien le contenu des films, Gino Perotto, qui avait remplacé l'instituteur Chopard, et Claude Bühlmann, instituteur retraité qui, comme ses deux compères, caressait l'idée de pérenniser ces images, ont dégagé quelques milliers de francs et fait appel à Jacques Neuenschwander, professeur au Centre de formation professionnelle Berne francophone, pour traiter les originaux et les conserver à très basse température. Il en a d'ailleurs fait un exercice pédagogique. Il s'agit d'une vingtaine de films d'environ 20 minutes chacun. Les copies forment cinq montages DVD avec une bande audio tirée de cassettes de René Chopard narrant la création du chemin de fer du Haut-Vallon de 1870. Ce dernier rejoignait la ligne La Chaux-de-Fonds-Neuchâtel aux Convers. La commune avait financé l'installation à hauteur de 180 000 fr., avait donné les terrains avec 600 m³ de bois. Les DVD comprennent en outre des photos du fonds Mémoires d'ici illustrant le montage du train, des photos de classes retrouvées chez des privés et une série de vues de Sonvilier transmises par Lili Wisard-Vuille, un personnage de l'âge d'or très documenté.
«Découvrir en images, en film, comment fonctionnait la société d'un village tel que Sonvilier représente un devoir de mémoire», explique Claude Bühlmann en commentant ces courses d'école accompagnées par les autorités communales, la commission d'école et les profs. La collectivité villageoise est illustrée dans toute sa splendeur avec les fêtes de promotion: le cortège avec les sociétés locales, la gym hommes, la chorale, les fanfares. Ils allaient en procession jusqu'à l'église pour une cérémonie laïque où les enfants se produisaient, où le président de la commission d'école faisait son laïus. Puis le cortège s'ébranlait et gagnait le stand. Là, il se divisait en une manière de chorégraphie collective qu'on appelait «une polonaise»; des concours et des jeux étaient organisés pour les enfants. Ceux des écoles recevaient un biscôme et une tasse de thé. Leurs saveurs avivent encore quelques esprits.
Ainsi, une porte ouverte a été organisée à la salle communale pour découvrir ces films qui seront officiellement vernis. Ils tourneront en boucle. Des souscriptions de commandes de DVD seront proposées aux intéressés. «Les jeunes raffolent de ces images de parents et de grands-parents. J'ai toujours aimé cultiver l'intergénération», conclut Claude Bühlmann, en murmurant que l'expérience ne s'arrêtera pas là. /YAD
Films de René Chopard, 1948-1964, à la salle communale de Sonvilier, ce soir, de 17h à 22h