«Vous n'êtes pas là seulement à cause de moi», a-t-elle souligné sous les applaudissements. «Vous êtes venus défendre nos institutions et notre culture démocratique». La conseillère fédérale s'est éclipsée après un vibrant appel à la tolérance tandis que les manifestants scandaient son prénom et laissaient s'envoler leurs ballons. La glace est rompue: C'est Madame Widmer-Schlumpf qui a été élue mais c'est à Eveline que les manifestants ont apporté leur soutien. Certains arboraient un chapeau blanc de Stroumpf car les petits hommes bleus portent le nom de Schlumpf en allemand. Dissimulés sous une forêt de parapluies, ils sont venus à Berne à l'appel de l'Alliance des sociétés féminines suisses (Alliance F). Une foule sans coloration politique particulière qui tenait surtout à apporter son soutien à la nouvelle conseillère fédérale. «Sois forte!», disaient notamment les pancartes.
«La manifestation a été organisée en quelques jours grâce à internet et au téléphone portable», explique l'ancienne conseillère nationale Judith Stamm. «Nous exigeons le respect du choix démocratique opéré par l'Assemblée fédérale et une meilleure tenue du débat politique». Cette revendication est appuyée par une pétition online qui a déjà réuni plus de 100 000 signatures. Elle sera remise à Eveline Widmer-Schlumpf le 20 avril. Elle aussi diabolisée par l'UDC, la conseillère nationale Lucrezia Meier-Schatz (PDC /SG) se réjouit: «Je trouve extraordinaire cette mobilisation. J'espère que cela lui donnera le sentiment d'être soutenue dans cette phase difficile. Je parle par expérience.»
Une dizaine d'orateurs et d'oratrices, essentiellement démocrates-chrétiens et écologistes, se sont succédé à la tribune. Les politiciennes socialistes présentes dans la foule n'ont pas voulu s'exprimer publiquement. Tandis que le président du PDC Christophe Darbellay dénonçait la chasse aux sorcières, la présidente d'Alliance F Rose-Marie Zapfl s'est indignée du mobbing dont sont victimes les femmes en politique: «Rappelez-vous Lilian Uchtenhagen, Christiane Brunner, Elisabeth Kopp et Ruth Metzler. Ca suffit!».
Au final, l'ancienne conseillère nationale Cécile Bühlmann (Verts) a résumé un avis largement répandu si l'on en croit l'applaudimètre: «Je ne connais pas personnellement Eveline Widmer-Schlumpf. Je ne partage pas son programme politique. Je suis là parce qu'il est inadmissible qu'une conseillère fédérale soit décrite comme une menteuse et une traîtresse du simple fait qu'elle a accepté une élection démocratique.» /CIM