Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les coulisses du «Décalogue»

Après l'immense succès de la série du «Décalogue», qui nous menait de notre époque aux débuts de l'islam à travers une complexe histoire de texte sacré perdu, le scénariste Giroud comble habilement les interstices laissés vides, en les moyennant, sur le volet ésotérique, par la série du «Légataire» et, sur le plan historique, par celle des «Fleury-Nadal». La série des «Fleury-Nadal», dont vient de paraître le deuxième tome, se donne pour but d'expliciter certains épisodes de la vie de quelques membres de la famille qui est l'héroïne principale du «Décalogue». Allant dans l'ordre chronologique (c'est-à-dire à rebours du sens rétrospectif adopté par la série de base), les albums sont indépendants les uns des autres, mais ne se comprennent pleinement qu'en référence au cycle d'origine.

27 juil. 2007, 12:00

Frank Giroud, pour mieux s'assurer la paternité de la série, reprend le principe de l'alternance des dessinateurs, avec les hauts et les bas que cela implique évidemment. En effet, si le scénario du premier tome, «Ninon», était plutôt bien ficelé, tissant, sur fond de «Deuxième Terreur», une trame familiale conflictuelle à l'époque du Directoire, l'album était malheureusement desservi par le dessin pâteux et imprécis de Lucien Rollin.

En revanche, le deuxième récit, «Benjamin», s'il contient plus de clichés, marque par compensation le retour d'un dessinateur racé qui s'était fait plutôt rare ces derniers temps: Daniel Hulet. Le point de départ, au demeurant, ne manque pas d'intérêt: le jeune Benjamin, fils de Ninon, déçu par les résultats de la Révolution de 1830, à laquelle il a participé, s'engage dans le projet pharaonique du creusement d'un canal à Suez entrepris par les utopistes saint-simoniens conduits par Prosper Enfantin (tout cela est rigoureusement historique). Mais la suite est un peu cousue de fil blanc: fasciné par un portrait inachevé (ce motif du portrait intervenait déjà dans «Ninon»), le héros retrouve comme par hasard la fille de la femme qui a servi de modèle et qui, ayant imaginé un récit où serait retrouvée la tombe d'un pharaon inconnu (thème déjà évoqué dans le «Décalogue»), se voit rattrapée par son rêve.

Sur cette trame un peu mince, Hulet fait évoluer avec bonheur des personnages attachants baignés de sable et de soleil, dans une atmosphère d'un onirisme puissant.

On peut douter de la pertinence des resucées commerciales de Giroud, mais le dessinateur qu'il s'est adjoint pour l'occasion a su créer un album réellement envoûtant. /ACO

«Benjamin», «Les Fleury-Nadal», 2, Frank Giroud (scénario), Daniel Hulet (dessin), éd. Glénat, 2007
Votre publicité ici avec IMPACT_medias