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Le vin, un placement gouleyant

29 oct. 2011, 10:10

Un rendement de 18,5% annuel m?me en p?riode de crise. On ne parle pas ici d'action, ou de biens immobiliers, mais bien de vin. Enfin, pas n'importe quel nectar, du Ch?teau Lafite-Rotschild en l'occurrence, grand cru bordelais mythique. Une bouteille de son mill?sime 2000 se vend aujourd'hui aux alentours de 2300 francs, une cote qui ne cesse de grimper. De quoi faire r?ver les investisseurs ?branl?s par la crise financi?re.

Alors le vin est-il devenu une nouvelle valeur refuge, comme l'or? Jean-Philippe Weisskopf, assistant ? la chaire de gestion financi?re de l'Universit? de Fribourg est le co-auteur d'une ?tude publi?e en 2010 qui a fait le tour de la plan?te. Elle analyse les prix des vins vendus aux ench?res entre 1996 et 2009 en se concentrant sur les phases de r?cession. La conclusion est sans appel.

Le vin est moins soumis aux risques en p?riode de crise ?conomique qu'un placement traditionnel, et il offre de meilleurs rendements en temps prosp?res. ?Ce type d'investissement reste difficile d'acc?s?, relativise Jean-Philippe Weisskopf. ?Il est essentiel de tr?s bien conna?tre le march? du vin et ses acteurs sous peine d'y laisser des plumes. C'est une mati?re complexe. Pour se constituer un fond de cave, il faut avoir un certain capital de d?part. Une bouteille de Ch?teau-Latour par exemple, co?te de 700 ? 1500 francs suivant les mill?simes. L'autre solution est de passer par un fonds d'investissement sp?cialis?. Mais le ticket d'entr?e affiche rarement un prix d?mocratique.?

Un fonds 100% vinicole

La soci?t? luxembourgeoise Elite Advisers propose, depuis 2008, un fonds de placement de ce type nomm? ?Nobles Crus?. Le montant minimum d'investissement s'?l?ve ? 150 000 francs. Compos? surtout de Bourgogne et de Bordeaux d'exception, le fond a r?alis? une performance de 13,4% en 2010 et malgr? la crise, affiche toujours 8% de rendement en 2011. ?Cela reste brillant. Par comparaison, le CAC 40 a chut? ? moins 20% ces derniers mois?, constate Michel Tamisier, cofondateur d'Elite Advisers. ?Le vin ne se situe pas au-dessus des crises, il est aussi tributaire du moral des acheteurs. Mais les grands vins, les plus r?put?s, les plus cot?s, avec un potentiel de garde important restent des produits de luxe rares, convoit?s et relativement accessibles, m?me dans les p?riodes les moins fastes.?

Elite Advisers entrepose les 30 000 prestigieux flacons qui composent son fond au Port-Franc de Gen?ve.

Stock? sous haute s?curit? et exempt de TVA, ce tr?sor vaut aujourd'hui quelque 68 millions de francs. Un beau succ?s pour Michel Tamisier qui a quitt? une longue carri?re dans la finance traditionnelle pour lancer cette soci?t? sp?cialis?e dans le placement passionnel. ?J'avais envie de proposer des produits plus tangibles et plus simples ? comprendre que des actions ou des obligations. Nous n'offrons pas seulement ? nos investisseurs un placement rentable, mais surtout une d?couverte de cet univers au travers de d?gustations d'exception, de visite de caves et d'?v?nements li?s aux vins.?

Des investisseurs en grande majorit? europ?ens, ? l'inverse des acheteurs, venant de plus en plus souvent de pays ?mergents, la Chine en t?te.

Cet engouement asiatique fait flamber les prix et suscite quelques craintes de bulle sp?culative. ?Le vin a la chance d'avoir une volatilit? relativement faible, mais si l'un de ces fonds doit revendre toutes ses bouteilles rapidement, je ne suis pas s?r que le march? soit capable d'absorber compl?tement l'offre?, explique Jean-Philippe Weisskopf. ?Cela d?pend beaucoup des Chinois grands consommateurs de flacons rares. S'ils se mettent ? sp?culer plut?t qu'? boire leurs bouteilles, on risque bien d'aller vers une volatilit? bien plus forte.? D'ailleurs, ces derniers mois certains nectars ont perdu de leur superbe. Le Haut-Brion 2005, par exemple, s'achetait quelque 1200 euros ? sa sortie du ch?teau.

Aujourd'hui, il se n?gocie environ 800 euros. Quant ? l'index liv-ex Fine Wine*, une r?f?rence, il a d?clin? de 4,05% depuis le d?but de l'ann?e.

Vins suisses, vins ? boire

Du c?t? des vins suisses, on ?chappe au ph?nom?ne. Les nectars helv?tiques, malgr? des qualit?s reconnues parmi les professionnels ?trangers, n'int?ressent pas les investisseurs.

Des quantit?s trop faibles, un manque de notori?t? ? l'international et un potentiel de garde moindre, les ?cartent de ce march?. ?Investir dans le vin pour des raisons exclusivement financi?res semble tr?s irrationnel?, s'exclame David Genolet, directeur marketing et communication chez Provins. ?Nos clients sont des amoureux du vin. Et les passionn?s ach?tent des bouteilles avant tout pour les boire!? Un avis partag? par Jean-Philippe Weisskopf. ?Les vins rares pourvus d'une histoire et d'une notori?t? forte maintiendront sans aucun doute leur performance. Mais pour investir sereinement, chacun devrait ?tre convaincu que s'il n'arrive pas ? vendre ses bouteilles, il prendra toutefois un plaisir inestimable ? les d?guster.?

*Liv-ex, une bourse de grands crus r?unissant 400 membres et n?gociants de 35 pays. Cet index regroupe une centaine de vins r?partis en cinq cat?gories, en fonction de leur prix: www.liv-ex.com

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