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Le vent de la terreur

Palme d?or du dernier festival de Cannes, le dernier film de Ken Loach déconstruit sèchement le mécanisme du terrorisme à travers l?engagement révolutionnaire de deux frères. Dur Ala surprise générale, le dernier Ken Loach a remporté la Palme d'or du Festival de Cannes. Des esprits chagrins ont insinué que «Le vent se lève» a été le seul film en compétition à obtenir un minimum de consensus de la part de jurés en profond désaccord! Leur décision a été sans doute facilitée par le fait que l'auteur de «Just A Kiss» (2004) n'avait jusqu'alors obtenu guère que des accessits sur la Croisette. De l'avis de la plupart des observateurs, cette Palme de la discorde répare fort opportunément un oubli, récompensant une carrière exemplaire!

01 sept. 2006, 12:00
Lutte pour l'indépendance

Partant, cela ne signifie pas que «Le vent se lève» est un film à la portée négligeable. Ce n'est certes pas la meilleure de son auteur, mais cette oeuvre très dure reste tout à fait digne d'intérêt. Même s'il consacre la plupart de son temps à dépeindre «ici et maintenant» des situations douloureusement réalistes, Loach réalise de temps à autre des films à costumes qui relatent souvent la faillite des utopies collectivistes fracassées par le cours cruel de l'Histoire.

«Land And Freedom» (1995) décrit ainsi l'engagement mortel des Brigades Internationales dans la Guerre d'Espagne. «Carla's Song» (1996) dénonce les exactions de la CIA au Nicaragua pendant la révolution sandiniste. Cette part de l'oeuvre de Loach est parfois un peu trop éloquente, voire pêche par excès d'idéalisme.

Relevant de cette veine historique, «Le vent se lève» ne souffre pourtant pas de ces défauts. Le fait que les événements terribles qui y sont décrits se sont passés à proximité n'y est sans doute pas étranger En 1920, l'Angleterre envoie en Irlande des troupes de vétérans qui ont combattu lors de la Première Guerre mondiale. Ces hommes frustres et d'une brutalité inouïe sont dépêchés pour mettre fin à des velléités indépendantistes jugées intolérables. Comme souvent, leurs exactions produisent l'effet contraire à celui qui était recherché Animés par un sentiment de solidarité indéfectible, les Irlandais se soudent entre eux et bien des jeunes entrent dans la résistance armée.

Alors qu'il s'apprête à aller exercer la médecine en Angleterre, Damien O'Donovan (Cillian Murphy) est le témoin d'atrocités qui le font renoncer à partir. Il rejoint dans le maquis son frère Teddy (Padraic Delaney) qui dirige un groupe lié à l'IRA. A la fois assassin et héros, Damien participe alors à de nombreuses attaques et attentats «terroristes». Peu après, l'IRA accepte de négocier un compromis avec la Grande-Bretagne qui attribue une pincée d'autonomie à l'Irlande. Teddy accepte l'accord, Damien le refuse, car il ne correspond pas à son engagement révolutionnaire. Les deux frères, issus pourtant du même sang, de la même terre, vont dès lors s'opposer

A dessein, Loach a évacué tout pathos de sa reconstitution historique. Cette sécheresse de ton a pour effet de garder à distance le spectateur qui, très lucidement, peut faire le lien avec d'autres types de terrorisme et leur possible légitimité. / VAD

Neuchâtel, Bio; 2h03

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