D'un naturel détendu et plaisantin, il revendique très tôt ce côté «amateur» qui lui tient tant à c?ur. Il a dit à Cécile Passavanti, première gérante du Petit Paris: «Si un jour tu arrêtes, moi, ça m'intéresse?» Chose dite, chose faite! Il se retrouve quelques mois plus tard à la tête du café.
Côté cuisine, l'équipe démarre avec «une quatre plaques vitroceram et un lave-vaisselle paresseux». Pour bien vite gagner en efficacité: «Au fil des changements de chefs, le niveau s'est élevé. Avec le passage de Cécile Tattini, on s'est orienté vers une cuisine plus élaborée.» Maintenant, la brigade compte quatre personnes. Cité dans le «Gault Millau», comme dans le «Lonelyplanet», le «Michelin» ou le «Routard», le café a quelque chose d'universel. «Le Petit Paris a des facettes multiples. Salle de banquet, lieu d'exposition, scène musicale, c'est aussi une salle à manger, un café et une terrasse»!
Notre vidéo: regard d'un habitué, organisateur de soirée pour Burning Sound, sur le changement de tenancier du Petit Paris«Le Petit Pa' ne serait pas ce qu'il est sans Martine.» Avec son tempérament de feu, Martine Lagger cadence le service depuis le début de l'aventure. Caractère en acier trempé cachant une personnalité rigolarde, modeste et tendre, c'est la femme de la situation. Reto et Martine ont vu défiler près de deux cents serveurs «extra» depuis la création du café. Toute une ribambelle de personnages; même Cuche, de Cuche et Barbezat, est passé par là. «Il y a toujours eu une espèce d'adéquation, d'adhérence entre les lieux et les personnalités qui les ont traversés», explique Reto. «Un jour, un client m'a dit qu'il aimait bien venir ici, même si ça faisait amateur?» Apparemment critique, ce commentaire réjouit le tenancier: «Clients et employés construisent un univers hétéroclite, un mélange des genres. Artistes, hommes d'affaires, ouvriers, étudiants, intellectuels? Ils ont tous un point en commun, la tolérance.» L'attente d'un repreneur n'empêche pas Reto Juon de réaliser son rêve: «J'ai l'opportunité de créer un lieu de A à Z, à mon image.» C'est avec la complicité fertile de Frédéric Gros-Gaudenier, architecte d'intérieur, que le projet prend forme. Le café du Coin prendra la place des anciennes rotatives de «L'Impartial». «C'est un nouveau défi, j'y mets toute mon énergie? Même si je vais peut-être regretter le Petit Paris toute ma vie», dit-il dans un petit rire laissant transparaître son émotion. Martine confie qu'elle ne se rend pas compte: «C'est une page de ma vie qui se tourne. Ici, j'ai évolué, je me suis ouverte. Le personnel, le patron, la clientèle? Nous formons une superéquipe.» /PXS