Assis dans son grand fauteuil en cuir brun dans sa maison de Saignelégier, André Fornasier a soufflé lundi ses 102 bougies. Le doyen du canton du Jura revient sur sa jeunesse, la crise économique de 1929 et les activités qui lui ont procuré de beaux souvenirs. «J'ai passé une sale jeunesse avec le travail. La crise économique avait commencé bien avant 1929. Je n'ai pas fait d'apprentissage, car il n'y avait ni d'offre ni de place.»
André Fornasier a effectué plusieurs travaux, comme ramasser les foins, afin d'éviter le chômage. «Le chômage à l'époque, c'était l'horreur. On n'avait que 90 jours couverts et on devait timbrer notre feuille à la commune deux fois par jour: le matin et l'après-midi», explique-t-il avec un ton sérieux. Lorsque le doyen du Jura évoque Noiraigue, le village de son enfance et adolescence, ses yeux pétillent: «J'ai vécu de merveilleux moments à Noiraigue. J'y ai effectué toute ma scolarité et j'y ai fait mes débuts dans la vie active. J'accomplissais énormément d'activités avec mes amis aussi.» A ce moment, André Fornasier affiche un énorme sourire et évoque son entrée à la fanfare: «J'avais 12 ans quand j'ai commencé. Je faisais également de la musique de danse. J'avais du succès dans le Val-de-Travers!»
Il a tout arrêté lorsqu'il est venu s'installer à Saignelégier. «Le travail m'a amené à Saignelégier, pour le plus grand plaisir de mon épouse», raconte-t-il. De 1949 jusqu'à sa retraite, il a travaillé à la fabrique de boîtes AC Miserez. «Je me suis consacré à ma famille. Mais après le travail, je prenais ma canne à pêche et la moto, direction le Doubs!». Caissier pendant plus de 20 ans à la société de pêche, André Fornasier a pêché et livré la truite au restaurant de la Verte Herbe. «Ma femme en avait assez de manger de la truite!» Son épouse, un être précieux: «Mon plus beau souvenir, c'est mon mariage en 1933», conclut-il, le regard nostalgique et plein d'amour. Sa santé? «Pas mal, même si je n'ai plus beaucoup de forces». /alp