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La saveur de la nostalgie

Les musiciens de Jael sont de retour à Neuchâtel avec un répertoire plus urbain, tout chargé d'émotions parisiennes. Mais la passion et la complicité sont les mêmes, dans ce duo qui fonctionne et enchante depuis 25 ans Une voix qui donne la chair de poule, un violon, un accordéon. Un répertoire qui mélange sonorités contemporaines et éclats de musique venue d'ailleurs, émotions d'exil et de mélancolie, de joie féroce. Sous le nom de Jael, Coline Pellaton et Thierry Châtelain partagent avec le public les fruits de leur complicité depuis maintenant 25 ans. Ayant quitté Neuchâtel pour Paris, le duo revient avec des ambiances nouvelles et une passion intacte, qu'ils offriront au public jeudi au temple du Bas. Coline Pellaton raconte.

24 oct. 2006, 12:00

Quelle est la philosophie de Jael?

Coline Pellaton: Se relever et marcher, toujours! Les compositions de Thierry parlent d'un cheminement, de son parcours de vie. Il donne la trame, le squelette, sur lequel je viens coudre mes propres émotions. Ses compositions reflètent le voyage intérieur et extérieur, chaque morceau est une petite histoire close, une façon de dévoiler quelque chose.

Comment le groupe évolue-t-il musicalement?

C. P.: Depuis que nous sommes installés à Paris, les ambiances sont différentes. C'est un peu paradoxal: plus Thierry baigne dans l'urbain, plus il se recentre sur des choses essentielles. Il en a moins besoin lorsqu'il a de l'espace et de la nature autour de lui, lorsque les choses essentielles sont à l'extérieur.

De quelle manière la ville influence-t-elle votre musique?

C. P.: Les compositions sont plus rythmiques, plus urbaines, avec des gouttes de ciel, oui, Thierry a cousu le ciel à la ville. Le mot poésie est magnifique, il y a une urgence de poésie qui nous guette, c'est quelque chose d'aussi essentiel que manger et boire. Ce sont des poèmes urbains. Des arbres. Chaque morceau est comme un arbre, Thierry construit le tronc et les branches et moi je fais les feuilles. Ses arbres ont maintenant des racines plus profondes. Moi, quand je suis en ville, je cherche le vert, parce qu'il est rare, je cherche les arbres et quand j'en vois un, je lève les yeux vers les feuilles et je vois le ciel au travers. Là c'est la même chose, Thierry a la magie de faire découvrir le bleu à travers le vert.

La manière d'utiliser la voix change aussi avec le rythme, c'est une ambiance un peu plus cardiaque, la poésie du bruit à Paris. Le bruit, vous savez, soit on le prend dans la figure et c'est insupportable, soit on l'accueille comme une sorte de poésie. J'adore prendre le métro et entendre la mélodie des corps serrés les uns contre les autres. On a peu de place, alors on doit trouver un espace différent, à l'intérieur de soi et non plus à l'extérieur. Maintenant, on n'est plus dans les grandes steppes, on est avec les humains.

Quelles sont les références musicales de Jael?

C. P.: Thierry est impressionnant, il va partout, il va faire son marché dans des endroits inconnus et il n'a pas peur d'y aller: il initie des lieux inconnus. Il y a toujours des moments où on se dit: là je n'irai jamais, les Champs-Elysées, la place Vendôme, je ne sais pas... et lui, il baguenaude partout, il va faire son marché dans ses endroits-là. Je suis une grande chanceuse de pouvoir me coller derrière lui (rires).

Est-ce que cela veut dire aussi que l'auditeur a un chemin à faire pour entrer dans la musique, qu'elle n'est pas donnée comme ça?

C. P.: On lui offre au départ assez peu de choses: un accordéon, un violon, une voix. Alors c'est 50 /50, mais une fois qu'il a fait le chemin, alors ce qu'il recevra est immense. On lui offre trois fois rien, mais il y a une vacuité énorme dans ces trois fois rien (rires).

Mais Jael a gardé la même couleur, la même saveur?

C. P.: Oui, on est entré une fois pour toute dans le nomadisme, il y a toujours cette teinte d'exil, de nostalgie. La musique de Jael n'aura jamais une couleur d'amusement, de plaisir. On est tous des exilés, on ne peut pas ne pas être inquiets. La quiétude, c'est fermer des portes, ces portes que justement Thierry ouvre. L'accordéon, la voix, le violon sont d'ailleurs des instruments de voyage. Certains ont des meubles, d'autres des valises...

Qu'est ce qui fait la longévité de Jael?

C. P.: Jael a beaucoup vécu depuis ses débuts, mais l'écrin reste le même: un duo avec accordéon, violon et voix. Nous avons toujours accueilli des musiciens invités, mais la base reste un duo. La voix est un peu plus présente maintenant. Thierry et moi, nous jouons ensemble depuis 25 ans, c'est dire que Jael a quelque chose à dire, qu'il a le goût des choses importantes. Nous sommes à Paris depuis près de quatre ans, mais nous avons gardé un public fidèle à Neuchâtel. Il y a des gens qui nous écoutaient déjà il y a 20 ans, qui nous retrouvent et ça, ça a une saveur unique, le flux est là, le parfum de ces gens qui nous ont accompagnés. C'est très beau à vivre. / SAB

Neuchâtel, temple du Bas, jeudi 26 octobre, à 20h30
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