La grogne après l’arrivée des gens du voyage à Noiraigue

L’arrivée des gens du voyage sur les terrains de football de Noiraigue ne passe pas au village. Tout comme la communication du canton à ce sujet.

13 juin 2019, 17:53
Plusieurs dizaines de caravanes occupent actuellement le terrain de football de Noiraigue.

«Recevoir une lettre le mardi pour le mercredi, ce n’est pas une façon de faire. C’est mettre le couteau sous la gorge et tais-toi!» 

A l’image de Marcel Jacot, des Néraouis sont fâchés contre le Conseil d’Etat. En cause, l’arrivée de plusieurs dizaines de caravanes de gens du voyage sur les terrains de football de Noiraigue, ce mercredi matin, et la façon dont l’Etat a averti les riverains.

La missive signée par le conseiller d’Etat Alain Ribaux et déposée dans les boîtes aux lettres mardi 11 juin fait mention d’une «situation d’urgence» consécutive à l’organisation de la Fête cantonale de lutte à La Vue-des-Alpes. «Au vu de la situation exceptionnelle de saturation des aires d’accueil en Suisse romande et afin d’éviter tout débordement, le canton a dû trouver une solution de substitution.»

Cette missive fait rire jaune au village. «Ça fait longtemps qu’on connaît la date de la fête», dit Marcel Jacot. «C’est pour nous mettre devant le fait accompli. Et qu’il n’y ait pas de contestation», estime une seconde habitante.

Agriculteurs fâchés

Parmi les personnes fâchées, on retrouve aussi des agriculteurs. Les frères Derendinger exploitent des champs à proximité des terrains de football. Eux ont reçu un appel mardi soir pour les prévenir. «Si on l’avait su à l’avance, on aurait pu faucher en conséquence», explique Michael Derendinger. Après les expériences de ses confrères du Val-de-Ruz en 2016, lui et son frère redoutent de retrouver leurs champs souillés de déchets et de ne pas pouvoir utiliser l’herbe pour nourrir leurs animaux.

Le service de communication du canton indique que la décision définitive d’envoyer les caravanes à Noiraigue «est tombée mercredi 5 juin» et que le courrier est signé du 7. «La communication devait avoir lieu dès que tous les détails du séjour étaient connus et confirmés», indique la chancellerie, pour expliquer le très court délai. «Les agriculteurs voisins ont reçu une information personnalisée.»

«Uniquement une solution de dépannage»

Une seconde crainte est sur toutes les lèvres à Noiraigue. L’Etat ne profiterait-il pas de cette situation exceptionnelle pour mener un test grandeur nature, en vue de réutiliser ce terrain prochainement? La commune de Val-de-Travers, informée mardi dernier, indique, par son conseiller communal Benoît Simon-Vermot, qu’il n’a jamais été question, dans les discussions de la semaine dernière, d’une utilisation future de ce site pour l’accueil des communautés nomades. La chancellerie cantonale confirme: «il s’agit uniquement d’une solution de dépannage nécessaire. Le site provisoire actuel est clairement celui de Pré-Raguel.»

Quoi qu’il en soit, l’accueil de ces caravanes à Noiraigue risque d’alimenter les débats un moment encore. Le député et conseiller général néraoui Niels Rosselet-Christ a d’ores et déjà interpellé le Conseil d’Etat à ce sujet.