Alexandre Poggiali, président de la Société de sauvetage du Bas-Lac, n'en revient toujours pas d'avoir réussi ce coup de maître: délocaliser la plus grande fête de sauvetage du lac Léman sur le lac de Neuchâtel, le temps d'une édition. La 124e Fête internationale aura donc lieu à Saint-Blaise en août 2009, durant trois jours. Et attirera sur nos rives les membres des 34 sociétés de sauvetage du Léman (au total 2200 personnes), à savoir 26 sections suisses et huit françaises.
«Plus de 1000 personnes devraient se déplacer, parmi lesquelles bon nombre de Français qui ne connaissent pas Neuchâtel», ajoute Alexandre Poggiali. «Ce sera l'occasion de vendre notre région aux Lémaniques.»
Mais comment cette délocalisation saugrenue a-t-elle été possible? Tout a commencé lorsque les sauveteurs du Bas-Lac ont réfléchi au 75e anniversaire de leur société, qui aura lieu en 2009. «On voulait faire un gros coup. On a remarqué que la Fête internationale du Léman, véritable institution, n'avait pas encore de commune pour l'accueillir en 2009. On a donc proposé notre candidature au printemps.»
Les présidents des 34 sociétés lémaniques se sont alors consultés, et ont opté pour l'audace et l'originalité. «C'est la première fois que la fête, plus que centenaire, quitte le Léman», explique Michel Detrey, président du comité central de la Société internationale de sauvetage du Léman.
«C'est un énorme travail d'organiser cet événement, et toutes nos sections n'ont pas les moyens logistiques de le faire. Il faut compter entre 80 et 100 bénévoles, et de l'espace pour accueillir un bon millier de personnes. Pour 2009, aucune section du Léman ne s'était proposée. Le comité s'est donc dit: celui qui n'est pas d'accord avec l'idée de délocaliser à Saint-Blaise, qu'il organise la fête lui-même! Personne ne s'est proposé...»
Michel Détrey ajoute que sur les 2000 sauveteurs du Léman, «quelques-uns, les puristes, ne seront sûrement pas contents avec ce déplacement. Mais la plupart suivront.»
A Saint-Blaise en 2009, la Fête internationale de sauvetage du Léman présentera ses traditionnels points forts: courses de canots, concours de plonge au mannequin et compétition de soins aux noyés.
Le coût de ce pari fou? «Le budget de la fête devrait dépasser les 50 000 francs», indique Eric Melia, secrétaire de la société du Bas-Lac. «Mais la manifestation devrait s'autofinancer. Et même dégager du bénéfice, au travers des inscriptions et des repas.»
La commune a déjà autorisé oralement le déroulement de la fête. «Les autorités se disent très heureuses de cette future publicité!», ajoute Eric Melia.
Les sauveteurs saint-blaisois aiment les défis. Et comme si ce coup fumant ne leur suffisait pas, ils tenteront une autre audace: faire venir Nicolas Sarkozy pour la remise du vase de Sèvres au premier du classement! «C'est la tradition: la coupe est offerte par le président de la République française», rappelle Alexandre Poggiali. «En général, un préfet se déplace pour le couronnement. Mais on va quand même écrire à Sarkozy. Juste pour essayer!» /VGI