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L'avis des immigrés sur leurs criminels

24 nov. 2010, 10:31

Les étrangers de Suisse peuvent voter lors des scrutins fédéraux! Sur une plate-forme virtuelle...

Leur voix compte pour beurre, comme on dit sous les préaux. Mais les chercheurs veulent désormais tenir compte de leur expression silencieuse (1,7 million d'étrangers, 22% de la population, vivaient en Suisse à fin août 2010). Vu l'importance de cette frange minoritaire du pays, sonder leur avis devrait enrichir le débat, notamment dans la question du renvoi des criminels étrangers (votation de ce week-end). Quitte à choquer ou déplaire.

Cela ne fera certainement pas plaisir à la majorité des - vrais - électeurs qui ont accepté le durcissement de la loi sur l'assurance chômage, le 26 septembre écoulé: la population étrangère de Suisse n'aurait pas permis l'introduction de ces nouvelles normes. Enfin... si elle avait été seule à s'exprimer.

Car, pour cette première expérience de vote virtuel, seule une poignée d'étrangers ont glissé leur bulletin dans l'urne virtuelle du site www.baloti.ch (voir ci-dessous). Ce que regrettent l'Université de Neuchâtel et le Centre pour la démocratie Aarau, partenaires de ce projet pilote soutenu par la Confédération.

Ainsi, contrairement aux pronostics largement répandus, les étrangers ont voté à l'inverse des Suisses. Ce résultat, même s'il n'est pas du tout représentatif, dérange tout de même les experts. Nombreux ressassent que les étrangers voteraient comme la majorité des Suisses s'ils pouvaient aussi s'exprimer. «Apparemment, cette votation a davantage mobilisé les gens de gauche. Nous devons attendre la prochaine votation pour obtenir une image plus claire de la situation», analyse Uwe Serdült, directeur adjoint du Centre pour la démocratie Aarau.

La population étrangère plus orientée à droite de l'échiquier politique sera-t-elle plus encline, le 28 novembre, à glisser son message virtuel dans l'urne de baloti.ch? Une majorité se dégagera-t-elle en faveur de l'initiative de l'UDC pour l'expulsion «sans pincettes» des criminels étrangers? Ou plutôt pour le contre-projet du Conseil fédéral, que soutient le centre droit? Ou alors, refusera-t-elle les deux textes de l'initiative comme le suggère le Parti socialiste?

Peu importe, puisque leur avis n'aura pas même valeur consultative. Le seul intérêt résidera dans l'analyse de symétrie ou de divergence des avis entre les deux populations au fil des votations. «Pour que le résultat soit représentatif, il faudrait au minium entre 3000 et 5000 votes virtuels», jauge Uwe Serdült. Mais le docteur en sciences humaines met en garde: «Les chiffres sont symboliques, car nous ne contrôlons pas les données introduites par les participants. Nous essayons juste de montrer qu'ils existent, qu'ils travaillent et paient des impôts. En ce sens, leur vote peut alimenter le débat en Suisse.»

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