«Ca revient à la mode, la consommation a triplé depuis le début de l'année», confirme Thomas Michard, cogérant du bar lyonnais «L'Absynthe».
Consommé en apéritif, digestif ou cocktail, voire en «shot», cet alcool qui, selon les références, titre entre 45 et 72 degrés attire désormais une clientèle «chic, légèrement décalée et voulant se différencier», analyse Jean Burdy, responsable régional des relations extérieures de Pernod.
Devenu «absinthologue» après des années d'études sur la «fée verte», le Lyonnais Arnaud Van de Casteele organise des soirées dégustation pour faire redécouvrir aux curieux plus d'une quinzaine de variétés de cette boisson anisée à la réputation sulfureuse.
Symbole de la la Belle Epoque et de la «France canaille», cet alcool dont Emile Zola a décrit les ravages dans «L'Assommoir» avait été interdit en 1915, accusé de «rendre fou».
L'élégante fontaine utilisée pour verser, goutte à goutte, de l'eau glacée sur l'alcool à travers une cuillère ajourée contenant un sucre, contribue aussi au succès de ce breuvage souvent associé à des artistes tels que Baudelaire, Rimbaud, Verlaine ou Toulouse-Lautrec.
«Les barmen sont séduits eux aussi par ce produit très fantasmé qui donne l'impression d'être en transgression», confie Marc Bonneton, patron du bar lyonnais «L'Antiquaire», qui se méfie toutefois d'un «phénomène de mode soutenu par le marketing».
Mais l'absinthe reste un alcool «relativement cher» et «ce n'est pas demain que le grand public en reconsommera», tempèrent plusieurs barmen. /ats