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Génocide au Rwanda: la Suisse critiquée à propos de son investissement humanitaire

Le génocide au Rwanda, survenu il y a vingt ans, avait fortement choqué la communauté internationale, Suisse comprise. Très engagée dans ce pays avant le drame, l'aide au développement de la Confédération fait aujourd'hui l'objet de nombreuses critiques

28 mars 2014, 07:45
Rwandan refugees await at the Gisenyi market for transport to Kigali as a U.N. truck drives behing them Sunday Nov. 24, 1996. Lawmakers are meeting in Stuttgart, Germany to decide the fate of an international peace keeping force that would assist refugees in their plight. (AP PHOTO/Jerome Delay)

La Suisse est notamment accusée d'avoir été trop proche du gouvernement rwandais, coresponsable du génocide. Celui-ci avait débuté le 6 avril 1994, avec l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana. Des soldats, des milices et une partie de la population hutue avaient alors massacré en trois mois entre 500'000 et 800'000 Tutsis et Hutus modérés, selon les chiffres de l'ONU.

Comme de nombreux autres pays, la Suisse a interrompu dès le mois d'avril ses projets d'aide et retiré ses collaborateurs du Rwanda. Dans les années suivantes, elle a versé des millions de francs pour l'aide humanitaire, affirme Giorgio Bianchi, responsable des programmes de la Direction du développement et de la coopération (DDC) pour la région des Grands Lacs.

"Les horribles événements au Rwanda ont choqué de nombreux Suisses", rappelle M. Bianchi. "La Confédération se sentait à l'époque très proche du Rwanda et l'aide suisse au développement a perdu des collaborateurs locaux" lors du génocide, explique-t-il.

Depuis 1990, la Suisse réduit son aide

L'aide suisse au développement a commencé à s'engager au Rwanda peu après l'indépendance du pays en 1962. Elle a fait de ce nouvel Etat ouest-africain l'un de ses pays prioritaires.

Dans les années 1970, toutefois, ces responsables "se sont rendu compte d'importantes divergences entre leur représentation et la réalité sociale" sur le terrain, note Giorgio Bianchi. Les Rwandais avaient ainsi fait pression pour qu'ils n'engagent que des collaborateurs d'une certaine ethnie.

Lorsque les tensions entre Hutus et Tutsis se sont aggravées au début des années 1990, la Suisse a réduit ses projets d'aide et réexaminé chaque année sa coopération avec le Rwanda. Jusqu'en 1994, où elle a finalement interrompu tous ses projets.

Critiques de gauche

Ce sont surtout les cercles de gauche qui ont pointé du doigt, après le génocide, l'aide suisse au développement. "Les critiques désapprouvaient particulièrement le fait que la Suisse ait mis un conseiller à disposition du président Habyarimana", souligne M. Zürcher.

On a en outre reproché à l'aide suisse d'avoir contribué, par ses projets, à la mise en place de l'infrastructure qui a facilité la préparation et la réalisation du génocide.

"La Suisse aurait certainement pu faire plus", reconnaît Giorgio Bianchi. "Elle aurait pu mieux analyser la situation politique et mieux se coordonner avec d'autres pays donateurs", ajoute-t-il, tout en relativisant la portée de l'influence politique de la Confédération: l'aide helvétique ne représentait en effet que 5% de l'aide au développement totale du Rwanda.

L'aide suisse au Rwanda est toujours active

Le pays ne fait aujourd'hui plus partie des pays prioritaires de la DDC. L'aide de la Confédération y est toutefois active à travers son programme pour la région des Grands Lacs.

Selon M. Bianchi, l'accent est désormais porté notamment sur le renforcement des processus démocratiques. La Suisse examine attentivement le développement politique dans ce pays et mène un dialogue "ouvert" avec Kigali.

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