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Visite guidée en sous-sol sous le bicorne de l'empereur

Que se cache-t-il sous le Chapeau de Napoléon? Ne pouvant vous emmener dans les méandres cérébraux du plus corse des petits caporaux, nous vous proposons une balade dans les entrailles de la montagne du Val-de-Travers. Visite guidée en compagniede trois membres du Spéléo club du Val-de-Travers.

13 août 2007, 12:00

Une fine pluie s'abat sur le bicorne calcaire qui coiffe le village de Fleurier. Une drôle de minicohorte vient de quitter la route qui mène de Saint-Sulpice au sommet du Chapeau de Napoléon. Casquée, harnachée et bottée, elle tente, tant bien que mal, d'éviter la glissade sur le contrefort abrupt et caillouteux. Eve, Thierry et Kathlyn, tous trois membres du Spéléo club du Val-de-Travers, se dirigent vers une arête rocheuse, là où se trouve l'entrée de la grotte. L'ouverture est si étroite que la petite troupe passe une première fois devant sans la voir. Il faut remonter.

Une cinquantaine de centimètres de diamètre, guère plus, c'est par ce petit orifice que les trois spéléologues amateurs vont se glisser dans la cavité. Les pieds en avant, sur le dos, les trois compères en drôle de combinaison pénètrent à l'intérieur de la montagne.

Thierry, 36 ans, dont une quinzaine d'années de spéléologie derrière lui, part devant pour attacher des cordes aux pitons scellés dans la roche, «grâce à une colle chimique». Le premier puits, profond de quelques mètres, est très étroit. Solidement ancrés à leur descendeur, une sorte de double poulie qui leur permet de glisser par à-coups le long de la corde, les spéléos doivent quelque peu forcer pour se frayer un passage entre les parois humides et gluantes.

La grotte est recouverte de petites particules de calcaire érodé, étonnamment spongieuses. Après un léger replat, le premier boyau débouche sur un second puits d'une dizaine de mètres, où l'on est surpris de trouver des échelles faites de minces troncs d'arbres. «Ce sont les restes de l'installation de Jean-Pierre Jéquier, qui venait une fois par semaine dans la grotte, au début des années 1960, pour observer les insectes dans le cadre de son travail de mémoire de licence», explique Eve, la présidente du Spéléo club du Val-de-Travers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, cet environnement inhospitalier abrite toute une faune de diptères, de gastropodes et de coléoptères.

Après avoir parcouru environ 300 mètres dans les boyaux et les galeries, le groupe arrive enfin dans une grande salle au fond de la grotte, 91 mètres sous l'entrée. L'occasion de reprendre des forces en partageant une plaque de chocolat avant de remonter. Il fait sept degrés. Sur les parois, du calcaire immaculé reflète les flammes des lampes au carbure. «Il s'agit de moon milch et il paraît même qu'à une certaine époque, on en faisait des cosmétiques», précise Eve. Etonnant quand on voit de quelle manière il assèche les mains...

Demi-mètre par demi-mètre, les trois spéléologues se hissent vers la sortie du gouffre. Il est minuit et demi. / CKA

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