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La pétulante présidente des Italiens de Suisse

Valeria Generoso ne pourrait porter un nom plus approprié à sa personnalité. Généreuse, cette Fleurisanne d'adoption l'est autant en paroles qu'en actes. La Bergamasque est la première femme à présider des associations italiennes, jusqu'ici essentiellement composées d'hommes. Portrait d'une battante, à la personnalité attachante. Al'approche des élections italiennes, il est une ressortissante de la Botte qui s'implique tout particulièrement pour que ses compatriotes immigrés excercent leur droit de vote. Elle, c'est Valeria Generoso, une sexagénaire établie depuis quarante-six ans en Suisse, et depuis presque aussi longtemps à Fleurier.

26 mars 2008, 12:00

Aujourd'hui, celle qui préside non seulement Com. It. Es Neuchâtel (Comitato degli Italiani all'Estero), mais également le Cercle des Bergamasques du monde, à Neuchâtel, et la Fédération suisse des Bergamasques est une femme emplie de ressources, désarmante de dynamisme. Son parcours n'a pourtant pas toujours été des plus simples.

Orpheline de guerre, elle a commencé à travailler à l'âge de 14 ans dans sa Bergame natale. Tricoteuse, elle dirigeait déjà deux ouvrières. «Je me souviens, j'allais chercher plus de 10 kilos de laine à vélo, avec un ballot devant et un derrière.» A seize ans, elle met un terme à cette activité en raison de problèmes de dos et entre dans une manufacture de filature. Deux ans plus tard, à dix-huit ans, elle rejoint sa mère établie à Sainte-Croix afin de l'aider financièrement. «Lorsque j'ai dit à mon directeur que je partais, il m'a dit que l'Amérique n'était pas en Suisse, mais en Italie», sourit-elle.

«En colonie de vacances on chantait toujours une chanson sur la Suisse et je ne savais même pas où c'était. Cela devait être un signe du destin.» La jeune femme arrive à Sainte-Croix le 5 mai 1962, avec pour seuls mots français en bouche les paroles de la chanson «Mes mains» de Gilbert Bécaud. Dans son usine, elle est la seule italienne, et aussi la seule femme, mais cela ne l'empêche pas de s'intégrer très vite et de se faire des amies à l'extérieur. «C'était la belle vie, on allait danser tous les week-ends!»

Valeria Generoso ne tarde pas à rencontrer son mari, un Italien du sud. «On a uni l'Italie», s'exclame-t-elle. Elle s'installe avec lui à Fleurier. «C'était magnifique pour moi, on voyait les fleurs plus tôt qu'à Sainte-Croix et les gens étaient plus ouverts.» De leur union naissent un garçon et une fille. Au décès de son mari en 1982, un ami lui propose alors d'intégrer l'Association italienne de Fleurier. Elle y fait directement son entrée au comité. «Ce n'était pas évident au départ, il n'y avait que des hommes, mais après ça c'est très bien passé. Il est important de se faire respecter.»

Il faut dire que Valeria n'est dépourvue ni de sens de la repartie, ni de persévérance. Toujours en 1983, pour établir des contacts et guider ses enfants, elle entre au Co. Co. Co (Comité de coordination consulaire). Elle œuvrera également au sein de l'association des Italiens du Friul et s'implique dans le Com. It. Es dès 1990, avant d'en prendre la présidence en 1999. Cette même année, elle crée aussi le Cercle des Bergamasques.

«Au début, dans les associations italiennes, il y avait beaucoup d'entraide, nous étions plus unis. Maintenant les choses ont bien changé et c'est vraiment difficile de recruter des jeunes. On ne sait pas comment les attirer. Même les miens n'y sont pas», déplore Valeria Generoso. Mais pas question pour elle de baisser les bras. Son combat actuel porte sur les prochaines votations. «Nous devons voter, les politiciens se sont battus pour qu'on ait ce droit, alors nous devons l'honorer», lance-t-elle, en français, même si normalement elle se fâche en bergamasque. /FNO

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