Vieux vélo, roue de poussette, tubes de films photo ou encore roulements à billes de rollers composent la dernière née de l'horlogerie vallonnière: l'horlog'eau. Un concept unique qui sera présenté demain à Môtiers, à l'occasion de la Fête des fontaines.
Il ne s'agit pas d'une plaisanterie, mais du fruit de longues heures de réflexion et de travail - 96 précisément - de deux apprentis horlogers de 18 ans, l'un de Môtiers et l'autre de Fleurier, qui souhaitaient apporter leur contribution à la Fête des fontaines. «Quelques idées se baladaient dans nos esprits, mais celle de l'horloge fonctionnant avec le débit de l'eau nous semblait la meilleure», expliquent Bryan Burri et Karl Iten.
Actuellement en 4e année d'horlogerie au Cifom au Locle, ils ont entrepris la réalisation de l'horlog'eau il y a deux ans, avec le soutien de Pierre Willen, leur professeur de mathématiques et de physique, et de Roland Jeannin, leur maître d'apprentissage chez Vaucher Manufacture. «S'il a fallu autant de temps pour que l'horloge voie le jour, c'est qu'ils sont tous deux méticuleux et qu'ils ont en priorité travaillé sur leurs examens», note Pierre Willen, qui leur a notamment permis de rencontrer Georges Daniels. Un horloger de génie, qui compte parmi les rares capables de fabriquer de A à Z une montre à complications complète. L'horloge de Bryan Burri et Karl Iten n'0 rien à voir avec une simple clepsydre, elle fonctionne comme une véritable montre mécanique. L'eau de la fontaine, dont le débit a été maintes fois mesuré, s'écoule sur un moulin, créé à partir d'une roue de poussette et de tubes de films photo. Un pignon, solidaire de l'axe du moulin, entraîne un train de rouage enchâssé dans une cage en plexiglas.
La vitesse de rotation est démultipliée, de sorte à ce que la dernière roue effectue une rotation par heure. L'axe de la dernière roue supporte une aiguille qui indique les minutes, représentées par des pastilles enchâssées dans la cage. Ce même axe comprend également une came qui récolte une fois par heure une bille stockée dans un tube. Sous l'effet de la gravité, la bille quitte ensuite l'encoche et part dans un circuit de rails qui les empile. Pour lire l'heure, il suffit de compter le nombre de billes.
Bryan Burri et Karl Iten installeront leur surprenant mécanisme demain après-midi, dans la fontaine de la gare de Môtiers, où ils seront présents jusqu'au soir pour répondre aux questions des curieux. Leur horloge devrait ensuite être exposée au Cifom à l'occasion des portes ouvertes, puis rejoindre un musée ou la manufacture Vaucher. /FNO