Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Application difficile

L'instauration de la tolérance zéro dans les ligues mineures crée des misères aux entraîneurs. La grogne se fait sentir Inégalités de traitement, manque de dialogue, rencontres qui se prolongent à n'en plus finir... L'application stricte du règlement (ou «tolérance zéro») fait parler d'elle dans les ligues mineures de hockey. Deux mois après son instauration, les entraîneurs grondent.

28 nov. 2006, 12:00

«En deuxième ligue, les gens viennent au match pour voir évoluer leurs connaissances, ils ne viennent pas pour le spectacle comme en LNA. Ils n'ont donc aucun plaisir à assister à des rencontres qui durent plus de trois heures» constate Marc Gaudreault. L'entraîneur d'Université NE s'inquiète de l'augmentation du nombre de pénalités et de la tournure que prend le hockey dans les petites ligues. «Moi-même, hier (réd: samedi) contre Saint-Imier, j'en avais marre derrière mon banc. J'avais hâte que ça se termine!» Pour que ce bourlingueur des patinoires en arrive là, il faut que le problème ait pris des proportions considérables.

Cédric Vuille, qui officie depuis 19 saisons, tente de relativiser les choses. «Entre collègues, nous sommes plutôt partagés, explique l'arbitre ponlier. Il y a des différences entre les deux groupes romands de deuxième ligue. Dans le groupe 6, celui de la région Vaud-Valais-Genève, on a mieux compris le message de la ligue. Tandis que dans l'autre (réd: celui de la région Neuchâtel-Berne-Fribourg-Jura), on est moins tolérant et moins discipliné, les entraîneurs font plus facilement des réclamations auprès des arbitres.»

Pas de dialogue

Les Romands du Nord de mauvais élèves? L'origine du problème serait, avant tout, un manque de communication. En amont et en aval, mais surtout pendant les matches. «Je trouve regrettable que les capitaines, lorsqu'ils sont sur le banc, n'osent plus venir discuter avec nous, avoue Cédric Vuille. On a tendance maintenant à interdire le dialogue. Pourquoi ne pas instaurer un temps mort prévu à cet effet. Cela dit, j'ai peur qu'en offrant le petit doigt aux entraîneurs, ils essaient de nous prendre le bras.»

Un risque certes, mais qui mériterait d'être considéré, car selon Christian Gremaud, le coach de Fleurier, «il n'y a pas de cohésion avec les arbitres». Doux euphémisme, la situation n'est donc pas idéale. Elle pourrait même s'empirer, car un ras-le-bol général commence à se faire sentir. «Lorsqu'un arbitre nous siffle un dégagement interdit alors que nous évoluons à 3 contre 5, on est obligé de le pardonner. Tandis que lui ne nous pardonne plus rien. Désormais, on doit se battre contre deux adversaires» peste Pascal Vuilleumier à Saint-Imier.

Vers une application soft?

Si un retour en arrière de la part de la ligue n'est certainement pas envisageable, quelles sont les solutions pour éviter que la guerre entre les deux partis n'éclate? «Les arbitres, les pauvres, j'ai plutôt tendance à les plaindre. Pour eux, ces changements sont venus trop vite, confie Gaudreault. Cela dit, il faut qu'ils prennent conscience que l'on ne pratique pas le même hockey en LNA qu'en deuxième ligue. Les amateurs ne peuvent pas consacrer autant de temps à s'entraîner. Ils doivent donc compenser par le jeu physique leurs carences au niveau technique. Avec la tolérance zéro, si l'on commence à tout siffler, on empêche le jeu. Il serait donc bien d'adapter le règlement selon le niveau de la ligue.»

Et le Québécois de conclure sur une touche de nostalgie. «Aujourd'hui, on n'a plus de longues périodes sans arrêts de jeu, avec des changements de ligne et des actions qui se suivent dans les deux camps. Le hockey est un sport de contacts et rapide, si l'on enlève les deux, je ne sais pas où l'on va...» / JBE

Votre publicité ici avec IMPACT_medias