Dans le Val-de-Travers, une personne décéderait tous les 20 ans en raison d’une inondation, d’un glissement de terrain ou d’une chute de pierre. Cette statistique – la plus élevée du canton – est issue d’un rapport technique, «Analyse des risques liés aux dangers naturels – canton de Neuchâtel», rendu en décembre 2021 au canton par le bureau d’ingénieurs Holinger.

Ce rapport chiffre les coûts potentiels, financiers et humains, que font peser les dangers naturels aux différentes communes neuchâteloises. Son principal enseignement? Le canton est principalement exposé aux crues et aux inondations, avec un risque matériel total de l’ordre de 11 millions de francs par an.

millions de francs

Le coût potentiel des dégâts matériels dus aux inondations chaque année à Val-de-Travers

A l’image de la statistique citée plus haut, la commune de Val-de-Travers présente globalement les risques les plus élevés. Les dommages matériels potentiels dus à l’eau se chiffreraient à environ 2,75 millions de francs pour la seule commune fusionnée, bien loin devant Milvignes (1,6 million) et Val-de-Ruz (1,1 million). D’autres villages, comme Cressier ou Le Landeron, présentent aussi des risques supérieurs à la moyenne (lire l’encadré).

Deux projets en cours

Si la présence de l’Areuse et de ses affluents explique en grande partie ce résultat, Val-de-Travers n’a pas attendu ce rapport pour entamer des projets de protection contre les crues. Hasard du calendrier, deux sont d’ailleurs en cours actuellement, à Môtiers et à Travers, lancés pour permettre l’agrandissement d’une usine dans le premier cas et pour surseoir à des inondations fréquentes dans l’autre.

Dans le premier village, une grande digue est en construction autour de la zone industrielle, en parallèle d’importants travaux de renaturation menés tant par la commune que le canton.

C’est une «ceinture de terre» que les ouvriers sont en train de finaliser ces jours autour des usines Mauler et Etel ou encore du magasin Landi. Sur l’autre rive de l’Areuse, à côté du pont reliant Môtiers à Boveresse, un ouvrage de surverse sera réalisé.

«Nous abaisserons la digue et la piste cyclables de 50 centimètres, afin d’être plus bas que le pont», explique le conseiller communal Eric Sivignon. En cas de forte crue, l’eau pourra ainsi de déverser dans le champ voisin, puis dans un second, relié par un canal. «Nous aurons ainsi un ‘fusible’ en cas d’inondation», image le conseiller communal.

Zone complètement réaménagée au printemps prochain

Un tel cas de figure devrait néanmoins rester exceptionnel, note Emilie Veluet, urbaniste aménagiste communale. «On parle de crue centennale.» Le reste du temps, l’espace redonné à la rivière par les travaux de renaturation doit aussi pouvoir jouer ce rôle de tampon, lorsque les eaux monteront.

«Les travaux de génie civil doivent être terminés au 31 octobre», continue l’aménagiste. «Ensuite, il restera des travaux de génie biologique.» Les digues, de la marne compactée renforcée avec de la chaux, seront recouvertes de terre végétale. Quelques plantations se tiendront encore cet automne, avant des semis au printemps prochain. La facture s’élève à environ 1,6 million de francs, une dépense votée en 2016 par le Conseil général.

La digue, tout à droite de l’image, est créée en retrait de la rivière, afin de lui donner la place où s’étendre en cas de crue. Photo: Christian Galley

Des pompes installées à demeure

A Travers – où les abords du vieux pont sont souvent inondés –, la commune vise à régler différemment le problème, via le Plan général d’évacuation des eaux. «Nous sommes en train de poser des tubes de drainage avec des clapets anti-retour et nous créons aussi des chambres de collecte des eaux de ruissellement. Des pompes y seront installées à demeure et pourront évacuer l’eau», explique Eric Sivignon.

Ces différents ouvrages doivent, à terme, réduire les risques chiffrés dans le rapport Holinger. «On verra rapidement à Travers si les mesures seront suffisantes», note Eric Sivignon. La commune, qui mène aussi d’importants travaux de sécurisation de Noiraigue contre les chutes de pierres, n’a, pour l’heure, pas identifié d’autres endroits particulièrement dangereux.

La refonte du Plan d’aménagement local – le PAL –, en cours dans toutes les communes, doit aussi aider, en dézonant par exemple les zones aujourd’hui constructibles situées en zone de dangers naturels. «Nous devons dézoner 44 hectares pour le PAL et ce critère nous semble cohérent.»

Pour la commune, la balle est désormais dans le camp du canton. «Nous attendons de voir la suite des discussions sur ce rapport», note Eric Sivignon. Il s’agira notamment de voir quels risques financiers seront jugés acceptables.

L’embouchure du Bied, revitalisée par le canton, à proximité du chantier communal de Môtiers. Photo: Christian Galley

Exposé aux dangers naturels, Val-de-Travers se protège

Un rapport cantonal chiffre les coûts potentiels des dangers naturels dans les communes neuchâteloises. Val-de-Travers est la plus exposée.