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Etat d'urgence décrété en Egypte

L'Egypte a décrété mercredi l'état d'urgence dans le pays.

14 août 2013, 16:25
epa03824212 Protesters' tents burn as Egyptian security forces move in to clear one of the two sit-in sites of supporters of ousted president Morsi, near Rabaa Adawiya mosque, in Cairo, Egypt, 14 August 2013. According to local media reports, one soldier and dozens of protesters were killed and about 200 others arrested as Egyptian security forces began clearing islamist protest camps in the capital Cairo on 14 August. The military-backed government described the protest camps as violent and unlawful. The biggest sit-ins are in north-eastern Cairo and south of the capital.  EPA/EL WATAN

Au moins 124 partisans du président déchu Mohamed Morsi ont été tués mercredi sur l'une des deux places du Caire évacuées de force, provoquant des violences à travers le pays et des condamnations internationales. Les manifestants parlent de plus de 2200 morts, des chiffres impossibles à vérifier.

Les forces de sécurité égyptiennes sont intervenues mercredi à l'aube pour vider les campements des pro-Morsi au Caire, et des partisans des Frères musulmans, dont est issu l'ancien chef d'Etat. L'assaut a été mené après l'échec de plusieurs tentatives de médiation entre les pro-Morsi et le gouvernement provisoire soutenu par l'armée.

Les forces de l'ordre avaient promis une opération "graduelle" et des "sommations" mais leurs bulldozers ont pris les manifestants par surprise. La dispersion des milliers d'entre eux venus avec femmes et enfants réclamer le retour du premier président démocratiquement élu a ensuite tourné au bain de sang. Un deuxième campement, plus petit, a été rapidement vidé par les policiers aux premières heures.

Etat d'urgence

L'intervention des forces de sécurité égyptiennes et les affrontements ont fait au moins 95 morts dans toute l'Egypte, a annoncé le ministère de la Santé. Les autorités font également état de 874 blessés. En début d'après-midi, un journaliste de l'AFP a toutefois compté 124 cadavres dans la morgue de fortune de l'un des deux rassemblements pro-Morsi, celui de la place Rabaa al-Adawiya.

Dans l'hôpital de campagne de Rabaa au sol maculé de sang, les médecins débordés délaissaient les cas désespérés pour concentrer leurs efforts sur les blessures les plus susceptibles d'être soignées.

Après ce bain de sang, la présidence égyptienne a annoncé l'instauration de l'état d'urgence au Caire et dans 11 provinces à compter de 16h00 mercredi et pour une durée minimale d'un mois. Le gouvernement égyptien a demandé aux partisans de l'ancien président Morsi d'"entendre la voix de la raison", et a estimé que les forces de sécurité avaient fait montre de "retenue".

Troubles dans le pays

L'imam d'Al-Azhar, plus haute autorité de l'islam sunnite, s'est désolidarisé de l'opération, après avoir pourtant apporté sa caution lors du coup de force des militaires le 3 juillet. Les Frères musulmans ont appelé "les Egyptiens à descendre dans la rue pour arrêter le massacre". En réponse, le gouvernement a annoncé que le trafic ferroviaire en direction et depuis Le Caire était interrompu.

En représailles à la dispersion, des islamistes ont également commencé à bloquer des grands axes du Caire en incendiant des pneus en travers de routes. Des heurts ont eu lieu dans plusieurs quartiers du Caire et ont fait plusieurs morts dans d'autres villes du pays.

Les troubles se sont étendus en particulier dans la province centrale du Fayoum, où au moins neuf personnes ont été tuées dans des affrontements, selon une source médicale. Dans le delta du Nil, à Minya, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes contre des milliers de manifestants islamistes, qui avaient incendié une église copte.

Condamnations mesurées en Europe

Sur un plan international, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies et la Ligue arabe à intervenir pour mettre fin à un "massacre". Le Qatar a condamné les assauts contre les manifestants, et l'Iran a estimé que l'Egypte courait le risque d'une "guerre civile".

En Occident, où le renversement le 3 juillet du président Morsi n'a guère suscité de critiques, les condamnations sont plus mesurées. L'Union européenne a invité toutes les parties "à faire preuve de la plus grande retenue".

Le chef de la diplomatie britannique William Hague, "profondément inquiet de l'escalade de la violence en Egypte". La France a "mis en garde contre un usage disproportionné de la force" et appelé à "une logique d'apaisement", tandis que Berlin prônait une "reprise immédiate des négociations".

Réaction américaine

Les Etats-Unis ont condamné le recours à la violence contre les manifestants et s'opposent à l'état d'urgence en Egypte. Quant au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, il a condamné "dans les termes les plus forts" la brutalité de l'intervention.

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