Martin disparaît. Muriel s'inquiète. Le ravisseur fixe la rançon à deux cent mille euros. Muriel accepte et reprend alors contact avec ses deux anciens complices qui l'aident à trouver l'argent qui lui manque. Le portable se met à jouer un rôle dramatique plausible. Mais pourquoi la remise de la rançon dans la gare TGV d'Aix (splendide architecture dramatiquement bien utilisée) rate-t-elle?
Le polar démarre bien. Des questions se posent. Certaines réponses manquent. Le non-dit vient autant des personnages que du scénariste. Le passé, par bribes, refait surface. Il est trouble. Les armes longtemps cachées vont à nouveau servir. Martin est tué. La rançon, devenue inutile, permet à François de faire des dépenses somptueuses.
Qui a tué Martin? Pas de police pour enquêter! Le trio s'organise: il ne faut pas que son passé soit connu. Le coupable est découvert. Saura-t-on le pourquoi de son geste? Guédiguian continue de conduire son polar avec efficacité, mais la tragédie s'est installée. Les personnages s'affrontent. L'amour d'hier peut-il renaître? La mort a fait son ?uvre. La vengeance est devenue raison de survivre et mobile pour tuer encore. Mais «celui qui cherche à se venger est comme la mouche qui se cogne à la fenêtre sans remarques que le porte est ouverte» (texte arménien cité à la fin du film).
Marseille et Aix-en-Provence sont bien présents. Mais le film aurait pu se dérouler n'importe où. Guédiguian conduit avec efficacité son récit policier. Il l'enveloppe peu à peu dans une tragédie presque antique aux sentiments violents exprimés par trois personnages aux personnalités ambiguës. Il a tenu la route du cinéma de genre, avec son environnement du Midi et ses interprètes habituels, excellents comme de coutume. Mais son film noir broie du noir! / FYL
Neuchâtel, Rex; 1h42