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Décor évanescent révélant la femme-figure

23 sept. 2007, 12:00

De la chair, parfois une parure, une pose, un foulard? autant d'indices censés guider notre regard, éveiller notre mémoire. Des ?uvres comme irisées, exposées à la galerie Numaga, à Colombier.

«Quatre affects forts définissent ma vie et mon ?uvre: la peinture, la gravure, la photographie et les femmes nues.» Alexandre Delay les entoure d'un subtil brouillard, comme des nuées de vapeur, créant une étrange suspension.

Sorti de son contexte, le personnage devient orphelin, ne vit que pour sa propre forme. Sans le décor, la narrativité du tableau se perd. Le spectateur trébuche souvent, confond, hésite, trépigne à l'idée de reconnaître l'?uvre et son créateur. Un Velasquez pour un Titien, un Hodler pour un Matisse? Alexandre Delay brouille les pistes à merveille, laissant une perméabilité étonnante entre les genres. Pourtant, Ingres, une «Demoiselle d'Avignon» sont identifiables au premier coup d'?il, alors que certaines ?uvres résistent. L'image est vue autrement, sa nature pervertie annonce le duel. L'artiste joue avec nous, veut réactiver nos connaissances, notre culture visuelle. Les toiles exposées sont des reproductions de grands maîtres, qui, à travers les siècles, ont marqué notre mémoire collective. L'artiste revisite, réajuste le corps, pour qu'il devienne l'unique but, «l'individu». Notre regard, à la manière d'un objectif photographique, va et vient pour cerner la figure. Les jeux de transparence, à travers la peinture blanche, révèlent des auras, communiquent une sorte de vibration.

Une série, intitulée «Le retour des lucioles», par des symboles et une iconographie modernisée paraphrase l'annonciation.

Fleuve de chair au chromatisme variable. Catalogue de femmes comme catalogue des siècles. On voit les canons esthétiques évoluer jusqu'à l'hyperréalisme. La peinture blanche qui entoure les figures devient la métaphore de l'oubli. Petit à petit nos souvenirs se consument? Pour ne laisser subsister que le personnage, perdu dans sa propre histoire.

Colombier, galerie Numaga, jusqu?au 30 septembre.
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