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Début de polémique

D'aucuns disent que le glissement de terrain aurait pu être évité. Des allégations que ne cautionnent pas les scientifiques. Une association de défense des usagers de la route est née Le soleil est revenu à Travers, et les débats risquent d'être chauds ce printemps. Car la route de la Banderette, emportée par le glissement de terrain survenu sur le versant sud de la vallée (lire nos éditions des 12 et 13 avril), suscite des inquiétudes, et la polémique enfle. L'Association de défense de la montagne sud de Travers a été créée le 20 avril dernier afin de soutenir les intérêts des usagers de la route coupée.

05 mai 2006, 12:00

«Pour moi, c'est plus simple d'avoir des informations sur les glissements de terrain au Cachemire, où ma soeur travaille avec la Croix-Rouge, que sur celui de Travers», tempête Didier Gasser, président de la nouvelle association et habitant des Lacherelles, au-dessus du village. Plus d'une dizaine de personnes, dont les tenanciers du restaurant du Haut de la Côte et du Musée de la Banderette, qui étaient tous deux accessibles par la route de la Banderette, s'inquiètent du peu d'informations qui leur sont données par la commune.

Raide et endommagée

Jusqu'au glissement de terrain, la commune entretenait la route de la Banderette, voie la plus directe pour accéder aux crêtes, et avait laissé l'entretien de la route des Lacherelles, plus à l'est et permettant également d'accéder au sommet, aux seuls riverains. Cette dernière est actuellement utilisée comme déviation. Or, la pente y est très raide, et le revêtement endommagé. «La commune ne se rend pas compte, poursuit Didier Gasser. En hiver, sans voiture tout-terrain, personne ne monte. Et même maintenant, les camions de bétail et de mazout ne montent pas.»

«Nous allons trouver une solution avant l'hiver, répond Johanne Lebel-Calame, présidente de la commune de Travers. Nous allons faire du provisoire soit pas trop cher, soit qui pourra être recyclé en définitif.» Une séance avec l'armée a eu lieu hier. Cette dernière pourrait éventuellement intervenir, dans le cadre d'un exercice de génie, pour remettre le chemin en fonction. Des rencontres avec l'Etablissement cantonal d'assurances et de protection (Ecap), ainsi qu'avec les services de l'amélioration foncière, sont également prévues. Mais aucun délai, ni aucune solution concrète ne peuvent pour l'instant être apportés. Et d'aucuns prédisent que le problème risque de durer. Car la route de la Banderette n'est pas du ressort du domaine public. «Il y a bien des bornes, explique Johanne Lebel-Calame, mais aucun acte notarial n'a jamais été fait pour véritablement donner cette route à la commune. Il n'y a rien sur le registre.» Or, sans propriétaires, qui va payer? «Un syndicat d'amélioration foncière avait été créé il y a une vingtaine d'années pour construire ces routes, rétorque Didier Gasser. Il y a trois ou quatre ans, le syndicat s'est dissous, et les routes ont été remises à la commune.» Puis, enfonçant le clou: «Ce qui s'est passé aurait pu être évité si la commune avait décidé de drainer correctement il y a quelques années. Elle aurait pu au moins entretenir les drains centenaires qui existaient à cet endroit.» Des affirmations que ne cautionne pas Philippe Veuve, hydrogéologue chez Geotest: «S'il fallait tout drainer, on ne s'en sortirait pas. Peut-être aurait-il fallu dévier les eaux de surface, car ce sont elles qui ont déclenché le phénomène. Mais même ce faisant, on ne peut pas dire si cela aurait changé quelque chose.»

Johanne Lebel-Calame conclut: «La commune a entretenu cette route de façon conforme à ses moyens et aux besoins. Il faut prendre en compte les intérêts de chacun, mais de tels travaux de drainage auraient été disproportionnés.»

Un élément risque de mettre tout le monde d'accord, sans pour autant régler le problème, bien au contraire. D'ici à la fin de l'année, le bureau SD Ingénierie, mandaté par le canton, sortira sa carte des dangers effectifs de la région. «Vu ce qui s'est passé, il n'y a pas besoin d'attendre la sortie de la carte pour dire qu'il y aura un point rouge à l'endroit du glissement de terrain, prédit Frédéric Guex, ingénieur chez SD Ingénierie. Le risque, si la commune reconstruit la route, est que le canton se désengage financièrement.» / FAE

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