C'est dans ce secteur de Fretereules qu'a été tiré un jeune d'une trentaine de kilos, affirme Arthur Fiechter, chef du Service de la faune. Suite aux gros dégâts causés ce printemps par les sangliers affamés, l'Etat veut en tuer entre un et cinq dans la réserve, de nuit et au phare. La Confédération a donné son accord. «Ce ne sont pas des tirs de régulation, mais de dissuasion, pour décourager les hardes de revenir dans les endroits qu'elles risquent de saccager, souligne l'inspecteur. Les laies meneuses de compagnies sont épargnées.»
Si les dommages se concentrent aux alentours de la Montagne de Boudry et du Creux-du-Van, c'est que beaucoup de sangliers vivent dans la réserve naturelle, ou n'en sortent que nuitamment. Le biotope est favorable, et ils s'y sentent protégés. «Ce n'est pas au mètre près, mais je pense que les sangliers connaissent bien les limites dans lesquelles ils ne sont jamais chassés», évalue Arthur Fiechter. Au moins une bête devrait ainsi être abattue dans les prés très endommagés de Derrière-Cheseaux, au sud-est de Noiraigue.
«Nous sommes choquées. Il est trop facile d'en descendre un ou deux, commente Tomi Tomek, cofondatrice du refuge SOS-Chats, situé à cet endroit. Vu la situation exceptionnelle de cet hiver, on aurait pu prendre des mesures exceptionnelles pour aider ces sangliers et pour protéger les champs.» Et d'évoquer un nourrissage en forêt, la présence de vaches ou d'ânes dans les champs, l'effarouchement avec des balles à blanc.
De tels moyens ne sont pas durablement efficaces face aux «très intelligents» sangliers, selon Arthur Fiechter. Leur ruse leur permet même souvent de déjouer le guet des gardes. Concernant le risque à assumer par les paysans, aussi évoqué par Tomi Tomek, le chef de l'Office de conservation de la nature, Philippe Jacot-Descombes, affirme que ces terres étaient déjà exploitées avant d'être englobées dans la réserve. Et que leurs propriétaires n'ont pas été indemnisés pour ce rezonage. / AXB