Tribunal correctionnel cette semaine, à La Chaux-de-Fonds. Une haie de policiers escortait les prévenus, menottés, et accueillis par leurs avocats, commis d'office.
Accusés d'infraction à la loi sur les stupéfiants, ils étaient six, pas moins, à faire face au président du tribunal Alain Rufener. Un septième, absent, sera jugé par défaut. Originaires d'Afrique de l'Ouest pour six d'entre eux, ils ont entre 20 et 28 ans et, si les profils divergent, tous ont trempé le petit doigt dans la came avant d'y plonger, en bande, tête la première.
Entre le printemps 2004 et celui de 2007, ils ont laissé des traces de poudre de La Chaux-de-Fonds à Lausanne, en passant par Neuchâtel, Bienne, Fribourg, Couvet et Verbier dans le Valais.
Sur le banc des accusés, il y a un requérant d'asile, un footballeur, un cuisinier ou encore un étudiant qui prévoit d'entrer à l'université. A l'origine de leur dérapage, certains évoquent une mère malade en Afrique, d'autres une voisine de palier mauvaise conseillère.
«On était dans la m... Ma femme était enceinte. On n'avait même pas de quoi acheter des cigarettes...», dira l'un.
Un autre expliquera: «C'était à petites doses, je ne me rendais pas compte des quantités. Il faut dire que la cocaïne me tombait comme des gouttes d'eau. Je ne me suis rendu compte qu'une fois que la police m'a montré le lac.»
Le lac, c'est un joli cocktail de plus de 2,5 kilos de cocaïne, un millier d'amphétamines thaïes, près de 600 ecstasys et quelque 11,5 kilos de marijuana, dont, détail édifiant, 6,7 kilos ont été achetés dans divers magasins de chanvre avec pignon sur rue à Bienne. Qui a dit schizophrène? Bref. «Des quantités importantes mais un peu monnaie courante», a indiqué le président du tribunal Alain Rufener.
L'un d'entre eux - le seul à ne pas être originaire d'Afrique -, a jugé bon de se diversifier. Il a touché un peu à tout. Au trafic bien sûr. Sur les bons conseils de sa voisine, il a d'ailleurs servi d'adresse postale pour l'envoi de 1000 amphétamines thaïes en provenance du Cambodge. Mais il s'est également illustré par des lésions corporelles, des vols, des dommages à la propriété et des violations de domicile dans les lieux les plus divers: pizzeria, fitness et même une locomotive de chantier où il s'est enrichi de quelques francs et d'un magnifique badge en plastique rouge orné du logo CFF...
A noter que tous sortaient de prison, où ils avaient purgé entre deux et dix mois de détention préventive. Retenant que cinq d'entre eux avaient un casier judiciaire déjà chargé, le président Rufener en a renvoyé illico trois derrière les barreaux pour purger entre 20 et 30 mois de prison ferme. Les autres ont été condamnés à des peines assorties du sursis, comprises entre 14 et 28 mois de prison. Le prévenu absent a été jugé par défaut à 15 mois de prison ferme.
Le président a également précisé que, fait aggravant, ces trafiquants n'étaient pas des consommateurs, ou de façon récréative pour l'un d'entre eux.
Les prévenus se sont vus en outre condamnés à s'acquitter des frais de la cause, élevés à plus de 73 000 francs. / syb