Juste après la salve tirée par trois mousquetaires neuchâtelois en uniforme 1860, la colonne avance à un bon rythme le long de l'Areuse. «C'est sublime», s'enthousiasme Alain Bourquin, un Vallonnier quadragénaire. «Je tenais à faire cette première marche. Nous montrons que nous sommes soudés, ici, au Val-de-Travers. C'est tout un symbole.» Le 1er mars 1848 aussi, une colonne républicaine était partie du Vallon pour chasser le régime monarchiste.
Le cortège passe devant les mines de la Presta. «Votre jambon cuit à l'asphalte est connu loin à la ronde, mais je me suis retrouvée au départ de cette marche par hasard», confie une participante venue de Gland (VD). «C'est sympa, on se met vite à discuter ensemble. Certains marcheurs connaissent bien l'histoire neuchâteloise.»
Au-dessus de Noiraigue, une dame agite un drapeau vert-blanc-rouge au passage des marcheurs. Lesquels traversent le tunnel de la Clusette. «Ici au moins, on est au sec», entend-on.
Après un ravitaillement tresse-café à Brot-Dessous, avec un magnifique panorama, les piétons empruntent la route cantonale sinueuse. La cohabitation avec le trafic est un peu stressante. «A cette saison, il aurait été difficile d'envoyer autant de monde sur les sentiers mouillés des gorges de l'Areuse», justifie Alexandre Houlmann, président de l'organisation des marches commémoratives du 1er Mars.
Pause de midi, avec soupe aux pois et fromage, à la salle de gymnastique de Rochefort. Nouveau départ et, vers 15h30 à l'entrée de Neuchâtel, les marcheurs de Couvet font la jonction avec ceux partis comme d'habitude du Locle et de La Chaux-de-Fonds.
Au Château, les cohortes sont accueillies par le président du Conseil d'Etat Fernand Cuche, par un tir de canon et un apéritif. Du vin blanc. La bleue, certains Vallonniers l'avaient emportée dans leur sac à dos. /AXB