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«On devrait augmenter le taux de thuyone»

Claude-Alain Bugnon est le premier à être sorti du bois et à s'être annoncé à la Régie fédérale des alcools pour produire légalement de l'absinthe. Aujourd'hui, un peu plus de trois ans après la légalisation de la fée verte, le point avec un distillateur qui, à 40 ans, a lâché le pétrole pour le troublant breuvage. Ces jours il a franchi une nouvelle étape en créant une société de distribution internationale pour écouler sa bleue à travers le monde. «J'ai commencé à faire de l'absinthe quand je n'ai plus supporté le blanc!» Le regard malicieux, Claude-Alain Bugnon précise immédiatement après sa boutade qu'il a de nombreux amis vignerons. C'est en 2000 qu'il distille sa première cuite, une recette familiale cédée par un ancien collègue. «Je l'ai utilisée telle quelle. Elle aurait été mise au point par une dénommée Charlotte, en 1935», note le distillateur de Couvet, dont la famille ne semble avoir jamais usé des alambics.

13 avr. 2008, 12:00

«Au début, c'était un jeu. Je distillais pour la famille de mon collègue qui m'a donné la recette, en guise de cadeau de Noël.» Et puis arrive la fameuse crise de la quarantaine. C'était fin 2004, la légalisation était annoncée pour le 1er mars 2005. «Je travaillais dans le pétrole et s'est alors posé la question de savoir si j'allais continuer ou non. C'était le moment où jamais pour me mettre à mon compte.» Claude-Alain Bugnon franchit le pas et quitte le pétrole pour la fée verte. Aujourd'hui, il produit 12 000 litres par année (soit 2160 kilos d'herbes), sous dix étiquettes différentes, dont trois ou quatre pour le marché helvétique. La standard est à 53° et la plus forte à 72°.

«Le plus compliqué ce n'est pas de la faire, mais de la vendre», explique-t-il, «le marché de l'alcool est bien cloisonné». Raison pour laquelle il vient de créer une société de distribution, Artemisia Distribution, avec un associé anglais.

Pour l'heure, il écoule le 50% de sa production en Suisse et le reste à l'étranger. Plus particulièrement en Grande-Bretagne, en Allemagne, où les consommateurs l'apprécient particulièrement amère, ainsi qu'au Japon. Il tente également une percée aux Etats-Unis, mais la réglementation y est très contraignante. «Le mot «absinthe» ne doit pas figurer tout seul sur l'étiquette et le taux de thuyone ne doit pas excéder 10 mg, tout comme au Japon et en Australie. De plus on m'a même demandé de justifier l'illustration de mon étiquette.»

Pas évident d'exporter un produit qui demeure sensible dans de nombreux pays. «Encore aujourd'hui, beaucoup considèrent la thuyone comme un produit toxique, alors qu'avec le taux légal de 35 mg, fixé aléatoirement en fonction des normes européennes, il faudrait en boire 400 litres par jour pour que cela le devienne. Le prochain but, pour moi, ce serait de pouvoir augmenter le taux légal de thuyone. C'est une substance contenue dans l'huile d'absinthe qui donne plus de parfum au produit et offre une plus grande variété de goûts.»

Le distillateur covasson a déjà fait un certain nombre de tests concluants, avec des résultats très fins et agréables au palais, même pour quelqu'un qui n'est pas amateur de bleue. / FNO

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