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Libre, mais responsable

Pour le centenaire de l'illustre penseur européen, plusieurs personnalités ont débattu de l'avenir du continent samedi à Couvet. L'Europe telle qu'elle devrait être implique un engagement citoyen accru La pensée de Denis de Rougemont est-elle encore d'actualité? Sa vision d'une Europe fédérale, en particulier, peut-elle relancer une Union en crise? Ces questions ont suscité un vif débat samedi à Couvet, la cité où le penseur a vu le jour il y a tout juste un siècle. Retour sur quelques mots-clés récurrents au cours de cette matinée organisée par la Maison de l'Europe transjurassienne, l'Union pour l'Europe fédérale (UEF) et l'Association Région Val-de-Travers.

11 sept. 2006, 12:00

Fédéraliste. «Le» mot-clé. Oui, ont rappelé les orateurs, Denis de Rougemont, dès la sortie de la guerre, a défendu une Europe fédérale. Ou fédérée. Une Europe des régions en opposition à celle des Etats-nations. Aujourd'hui? «Il faut en revenir aux fondamentaux», lance Yves Lagier, président de l'UEF. Pour lui, pas d'autre voie que le fédéralisme. Et les régions, même transfrontalières, comme l'Arc jurassien franco-suisse. «Bruxelles représente la machine administrative que Rougemont condamnait», ajoute l'ancien conseiller d'Etat genevois Claude Haegi, aujourd'hui président de la Fondation Denis de Rougemont pour l'Europe.

Provocateur... et révolté. Face à la crise, Denis de Rougemont se serait tourné vers les forces intellectuelles, «pour sortir l'opinion publique de son apathie», se convainc Jean-Pierre Gouzy, qui a côtoyé le philosophe la première fois en 1948. S'inspirer de la pensée de Rougemont, c'est susciter une «révolte constructive», fait Claude Haegi. «Visionnaire» en matière environnementale, il déplorerait la lenteur avec laquelle on développe les énergies renouvelables. Par exemple.

Lucide. Denis de Rougemont «plaide pour la complexité», prévient son neveu, l'ancien parlementaire Gilles Petitpierre. «Parce que les choses ne sont pas simples.» Décourageant? Dans sa bouche, comme dans d'autres, le mot «volonté» revient souvent. «Le monde est le reflet de ce que nous faisons», conclut Claude Haegi. Mais Gilles Petitpierre en convient, il n'est pas facile d'impliquer les citoyens, même pour ce qui est proche d'eux, les problèmes locaux: «Il faut prendre les gens par la cravate!»

Libre et responsable. Tel est l'homme décrit par Denis de Rougemont, adepte de la pensée personnaliste. Mais personnalisme ne veut pas dire individualisme. Il n'y a pas d'autonomie sans responsabilité. Comme il n'y a pas d'unité sans diversité. Gilles Petitpierre: «La pensée de Rougemont est extrêmement cohérente. ?cuménisme, personnalisme, fédéralisme, tout repose sur la notion de dialogue. Et de communion.»

Inconnu? Même les étudiants du lycée portant son nom ne connaissent pas Denis de Rougemont, a admis l'un d'eux, Julien Perrochet. Mais ses idées? Applicables? «C'est une question de motivation, pas seulement des dirigeants, mais chez chaque homme.» Et les jeunes? «On va devoir faire avec ce que vous nous avez laissé», dit-il sans se démonter.

Encore lu? Cri du coeur de Gilles Petitpierre: «J'aimerais qu'on lise Denis de Rougemont.» Au penseur, donc, le mot de la fin, sur ce qu'est en train de vivre son Vallon natal. Dans «L'Avenir est notre affaire» (1977), il plaide pour les communes, «espace normal d'action civique». Mais «c'est la Région qui assure leur efficacité». / SDX

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