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Bébés condamnés à l'exil?

La maternité ne figure plus sur le nouvel organigramme que la direction de l'Hôpital neuchâtelois doit remettre au Conseil d'Etat. La décision finale reviendra à ce dernier «Nous sommes très heureux d'annoncer la naissance d'Erwann, le 25 septembre 2006 à la maternité de Couvet, dont le personnel est fantastique!» La petite annonce a paru le 30 septembre. Les parents du nouveau-né, Sylvie et Raphaël, habitent Marin. Ils ont pourtant choisi Couvet et sa maternité «familiale» pour accueillir leur premier enfant.

13 oct. 2006, 12:00

Mais Erwann est peut-être l'un des derniers bébés à naître au Val-de-Travers, si le Conseil d'Etat en décide ainsi. La maternité ne figure en effet plus sur le nouvel organigramme de l'Hôpital neuchâtelois, qui doit être remis par sa direction au Château à la fin du mois.

Un poids plume

Officiellement, rien n'est décidé. La direction générale de l'Hôpital neuchâtelois doit rendre son plan d'action à son conseil d'administration, qui devra à son tour le transmettre au Conseil d'Etat. Il est prévu de rendre publiques à la fin du mois les mesures prises pour économiser 25 millions.

De source sûre, nous sommes cependant en mesure de dire que la maternité de l'hôpital du Val-de-Travers fait partie des économies envisagées. Comme la proposition concerne la suppression d'une mission sur un site et pas un site en lui-même, la décision revient au Conseil d'Etat, explique-t-on au Département de la santé et des affaires sociales. Il est cependant fort à parier que le sujet transpire au Grand Conseil. La direction de l'Hôpital neuchâtelois n'a pas souhaité réagir.

Avec 157 naissances en 2005, sur 1900 dans tout le canton, la maternité de Couvet ne pèse pas bien lourd. En France par exemple, tous les établissements enregistrant moins de 500 naissances par an ont été fermés. Sa possible suppression, outre le fait que l'économie serait mince, a pourtant de quoi surprendre. Le contrat de région, actuellement en cours d'élaboration dans le cadre de la stratégie du Réseau urbain neuchâtelois (RUN), prévoit dans son volet «familles» le point: «santé: qualité et variété des soins, proximité, mise en réseau...» Comment imaginer attirer des familles, les loger et les faire travailler dans le Val-de-Travers, tout en demandant aux femmes de se rapprocher du Littoral lors d'une grossesse?

Médecin-chef du service de chirurgie à l'hôpital du Val-de-Travers et député libéral au Grand Conseil, Jean Walder relève également le paradoxe, tout en tenant lui-même un discours ambigu. Comme médecin, il déclare vouloir «essayer de se battre. Les réalités en France ne sont pas les mêmes qu'en Suisse. Nos voisins se mordent les doigts aujourd'hui d'avoir agi ainsi.» Mais comme député, il ne peut que soutenir les mesures: «Les faits sont têtus: l'argent manque. Il ne faut pas s'arrêter sur le chemin de l'assainissement.» Avant de lancer une dernière salve, de fierté: «Une fois la faute commise, on ne pourra plus jamais rouvrir la maternité. Même si le contrat de région déploie ses effets et que l'on assiste à un boom des naissances. Je dis qu'il faut réfléchir, car nous ne coûtons pas cher!» / FAE

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