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Bolt en dix questions

Dimanche soir, à Berlin, Usain Bolt a stupéfait la planète entière en fixant le nouveau record du monde du 100 m à 9''58. Un temps supersonique, qui dépasse l'entendement.

18 août 2009, 11:47

Dix questions, dix réponses, pour tenter de répondre aux interrogations engendrées par un phénomène que l'athlétisme n'avait encore jamais connu.

Pouvait-on s'attendre à un tel chrono?

Oui. L'an dernier, aux JO de Pékin, Bolt avait couru en 9''69 par vent nul, en relâchant son effort dans les 30 derniers mètres de course. A Berlin, le Jamaïcain a bénéficié d'un vent favorable de 0,9 m/s, d'où un gain généralement estimé à cinq centièmes de seconde. Il a surtout tiré sa course jusqu'au bout. Dimanche soir, Bolt n'était pas plus fort que douze mois auparavant à Pékin, où il aurait déjà été capable de courir en moins de 9''60.

Qu'est-ce que Bolt a de plus que les autres?

Tout... ou presque! Sa taille (1m96), son rapport poids-puissance, son rapport fréquence-amplitude. Son compas lui permet de bénéficier d'une foulée de 2m65 lorsque celle-ci est complètement développée, après une trentaine de mètres, et d'avaler son 100 mètres en 41 pas, contre 43 à 45 à ses adversaires. Son mental aussi. Pour Bolt, le 100 m est un jeu, alors qu'il est la guerre pour beaucoup d'autres.

Bolt manque-t-il de respect à ses adversaires?

Nous nous sommes posé la question dimanche soir, lorsqu'il a recommencé à faire son cinéma devant les caméras, quelques secondes avant le départ de la finale. Ce garçon adore faire le show, il assure le spectacle avant et après, et plutôt bien. Attention toutefois à ne pas trop en faire: à force de donner l'impression que rien ne peut lui arriver, il court le risque d'agacer tout le monde, ses adversaires en premier.

Préfigure-t-il une nouvelle génération de sprinters?

Peut-être bien. En un siècle, la taille moyenne de l'être humain a augmenté. Usain Bolt, avec son 1m96, est bien plus grand que ses deux prédécesseurs les plus illustres, Carl Lewis (1m91) et Jesse Owens (1m78), qui faisaient déjà pourtant presque figure de géants à leur époque. L'histoire du record du monde du 100 m à travers les âges ne serait-elle qu'un simple résumé de l'évolution de la race humaine?

Où creuse-t-il l'écart par rapport à ses adversaires?

Partout... sauf au départ! Bolt n'a signé que le sixième temps de réaction (0''146) des huit finalistes, mais sa mise en action a été assez rapide, puisqu'il était déjà en tête après 20 mètres (2''89), devant Thompson (2''90), Powell (2''91), Gay et Bailey (2''92). Mais c'est bien sûr après que Bolt parvient à profiter au mieux de son incroyable foulée: il prend deux ou trois centièmes à Gay tous les 20 mètres, de quatre à huit centièmes à Powell.

Peut-il aller encore plus vite?

Certainement. Lui-même évoque un chrono de 9''50 dans le futur. Le facteur vent et la qualité de la piste joueront également un rôle essentiel. Un Bolt lancé à toute allure sur la piste de la Pontaise, à Lausanne, avec un vent favorable de 1,8 m/s, ça peut effectivement valoir 9''50 ou moins.

Quelles sont ses possibilités sur 200m?

Enormes, assurément. Son record du monde de 19''30 établi l'an dernier aux JO de Pékin ne devrait constituer qu'une étape. Bolt sera peut-être le premier homme à courir le demi-tour de piste en moins de 19''00. Pas sûr toutefois qu'il puisse le faire dans un grand championnat. Jeudi soir, il abordera en effet la finale avec, dans les jambes, quatre tours de 100 m et trois autres de 200 m en cinq jours. Enorme. S'il réussit à faire tomber un jour la barrière des 19 secondes, ce sera plutôt en meeting.

Est-il dopé?

C'est la question que tout le monde se pose. Officiellement, il ne l'est pas, puisqu'il ne s'est jamais fait coincer. Mais on connaît les limites des contrôles antidopage, on sait aussi les turbulences traversées par le sprint jamaïcain ces dernières semaines.

Quelqu'un peut-il le battre?

A l'heure actuelle, un Bolt qui ne commet pas de grosse erreur est imbattable sur 100 mètres. Même un Tyson Gay, qui a livré la course de sa vie et signé un temps supersonique lui aussi dimanche soir (9''71), n'a eu aucune chance. Mais la vérité d'aujourd'hui n'est pas forcément celle de demain.

Est-il une chance pour l'athlétisme?

Oui. En manque de leaders et de stars comme le furent autrefois un Carl Lewis ou un Serguei Bubka, l'athlétisme, en perte de vitesse en terme d'audience et de popularité, tourne désormais autour d'Usain Bolt. Attention toutefois: si d'aventure Bolt venait à être contrôlé positif, cela pourrait signifier le coup de grâce pour le sport olympique numéro 1. /ALA

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