Aleqa Hammond est la première femme élue à la tête du Groenland

Les groenlandais ont voté pour choisir leurs représentants. La question de l'exploitation des richesses minérales a été au centre de la campagne électorale. Le parti d'opposition et sa cheffe de file Aleqa Hammond ressortent gagnants du scrutin.

13 mars 2013, 12:10
Avec Aleqa Hammond, l'opposition a gagné et porté une femme au pouvoir au Groenland.

Une femme sera nommée pour la première fois au poste de premier ministre du Groenland: Aleqa Hammond et son parti de l'opposition Siumut ont remporté les élections législatives organisées mardi dans ce territoire autonome dépendant du Danemark.

La victoire du parti Siumut a été large, avec 42,8% des suffrages, tandis que le parti Inuit Ataqatigiit (IA, indépendantiste d'extrême gauche), du premier ministre sortant Kuupik Kleist, n'a recueilli que 34,4% des voix. Aleqa Hammond doit négocier le soutien d'un petit parti au moins pour disposer d'une majorité des 31 sièges au Parlement.

Election déterminée par les ressources naturelles

Dans ce territoire de 57'000 âmes, pour une densité de 0.027 habitant par mètre carré, les élections se sont jouées sur l'opposition entre les activités traditionnelles des Inuits, dont la chasse aux phoques et la pêche, et les investissements dans le secteur minier favorisés par le gouvernement sortant.

De nombreux Inuits redoutent que l'exploitation minière ne provoque des dégâts sur l'environnement et place le territoire arctique sous influence chinoise.

Importance géopolitique accrue

Avec la fonte de la banquise et l'ouverture de nouvelles voies de commerce maritime à travers l'océan Arctique, le Groenland sort progressivement de son isolement et son importance géopolitique a crû du fait de ses gisements de minerais et des possibles réserves d'hydrocarbures au large de ses côtes.

Un certain consensus existe sur la nécessité d'attirer des investisseurs étrangers pour diversifier les revenus du territoire autonome et réduire sa dépendance financière vis-à-vis du Danemark, dont la dotation annuelle représente plus de la moitié du budget du Groenland.

Mais pas à n'importe quel prix, a souligné Aleqa Hammond durant la campagne électorale. L'un des projets les plus controversés est porté par la compagnie britannique London Mining Plc, prête à investir 2,3 milliards de dollars pour exploiter du minerai de fer près de la capitale, Nuuk, et l'exporter vers la Chine.

Exploiter les minerais radioactifs

Quelque 2000 travailleurs chinois sont susceptibles de participer à sa mise en exploitation. Aleqa Hammond, née en 1965 dans un village isolé, veut que les compagnies minières paient des redevances plus importantes.

Elle souhaite également qu'elles soient taxées dès leur implantation au Groenland. Kleist, son rival, propose lui de ne les taxer que lorsqu'elles commencent à dégager des bénéfices.

Elle s'est également prononcée pour une réforme d'une loi que le gouvernement sortant a fait voter pour favoriser les investissements étrangers. Cette législation, dénoncent ces détracteurs, a autorisé des compagnies à faire venir de la main d'oeuvre à bon marché pour travailler sur des projets de construction.

Mais Hammond est dans le même temps partisane d'une levée de l'interdiction d'extraction de minerais radioactifs, une disposition qui a stoppé certains projets d'exploitation de terres rares, cruciales pour certaines technologies de pointe, comme les smartphones.