Sans la manne de Straumann, Villeret va la sentir passer

Au secours! La commune de Villeret ne peut plus compter sur l'entreprise Straumann pour équilibrer ses budgets et investir. Le groupe bâlois vient de réduire sa contribution fiscale de 1,7 million à 150 000 francs par an. Les impôts locaux devront dès lors augmenter. Ulrich Kaempf, maire de Villeret, ne pensait pas prendre un tel coup dans les dents. Pourtant, l'unité de production du groupe Straumann, spécialisée dans les implants dentaires, vient de réserver à la commune où elle est établie depuis 2000 un sacré uppercut financier. Par une simple révision de son organigramme, le groupe bâlois vient de réduire sa contribution fiscale annuelle au canton de Berne et à la commune à 400 000 francs. Avec effet sur les comptes communaux 2007.

14 nov. 2007, 12:00

«Straumann est de loin notre principal contribuable, avec un apport fiscal de 1,7 million encore promis pour l'année 2006», a précisé hier le maire de Villeret. La commune, qui dispose des impôts les plus bas du Jura bernois, a vécu ces dernières années avec la certitude de toucher plus du tiers de ses recettes annuelles de la part d'une seule entreprise.

A partir de cette année, Straumann Villeret SA, unité de production suisse du groupe, ne paiera plus que 150 000 francs d'impôts communaux, quand bien même elle y emploie 360 collaborateurs. «Nous entendons encore nous développer sur place», a assuré hier Mark Hill, le porte-parole du groupe. Pour la commune, le salut viendra dès lors que de l'augmentation de la quotité. «Notre fortune nette s'élève à 1 million», a expliqué Thierry Sartori, le secrétaire municipal. Ce qui veut dire que, dès le budget 2008, il faudra penser à éviter le découvert au bilan,

Thierry Sartori a expliqué que l'entreprise n'allait plus être imposée sur la base de ses produits finis, mais bien sur sa marge locale. «Soit 8% par an», a cru comprendre le maire auprès du groupe industriel. Ce dernier s'est refusé hier à tout commentaire à ce sujet.

La hausse d'impôt est donc inévitable, selon les autorités communales. «Nous n'entendons pas la faire voter avant le printemps», a expliqué encore le maire. «Nous nous attendons à devoir envisager une hausse de quelques dixièmes de quotité. Il s'agira malheureusement de convaincre les citoyens que c'est la seule solution.»

Villeret a fait partie des communes contributives à la péréquation, justement grâce à l'apport de Straumann. L'entreprise a bénéficié pendant cinq ans d'avantages fiscaux, et cette période a pris fin, selon Straumann, avec un changement, négocié avec les cantons concernés, de la structure opérationnelle du groupe, actif notamment aux Etats-Unis et en Suède.

«Nous allons passer dans le camp des communes bénéficiaires de la péréquation», a estimé Ulrich Kaempf. «Il faut que le canton corrige ses chiffres au plus tôt, pour que nous puissions déterminer la nouvelle quotité.» Adrian Bieri, le secrétaire général de la direction des Finances bernoises, a indiqué hier que cette demande sera bien accueillie par son chef, le conseiller d'Etat Urs Gasche. L'heure est venue de se mettre à table... /PHC