«Pendant toute ma carrière, je n'ai jamais remporté de titre, je n'ai jamais vécu une promotion. En Super League, je luttais contre la relégation. Pour la première fois, je fais partie d'une équipe qui figure parmi les favoris. Cela change tout, tant sur le plan mental que sportif. Tu joues de manière plus conquérante, tu tentes des gestes... Je veux connaître l'ascension avec Xamax. Je me donne deux ans pour y parvenir.» Soit la durée du contrat qui le lie aux «rouge et noir».
S'il s'exprime très correctement en français, malgré la consonance de son nom Moreno Merenda ne parle pas italien. «Comme Tranquillo Barnetta, relève-t-il en souriant. Je suis certes originaire du Tessin, mais j'ai vécu pratiquement toujours à Zoug.» Une ville dans laquelle il réside toujours: «Je partage un appartement avec mon amie. Mais j'ai aussi un petit pied-à-terre à Neuchâtel. Je ne fais pas les trajets tous les jours!»
Pourtant, des trajets, Merenda en a effectué de nombreux dans sa carrière. Trop même, reconnaît-il avec le recul. «J'ai débuté en LNA à 18 ans, à Lucerne, sous les ordres de Jean-Paul Brigger, se remémore-t-il. Lorsque je suis passé à Xamax, en 1998, j'imaginais m'imposer sans difficulté». Mais voilà, Alain Geiger ne l'entend pas de cette oreille et Moreno ne connaît pas encore les vertus de la patience. «Je voulais jouer tout de suite, toujours. Je me donnais à fond à l'entraînement en début de saison, mais lorsque je me retrouvais sur le banc un, deux, trois matches, je me décourageais et je n'avais qu'une idée en tête, changer de club. J'en voulais aux entraîneurs et je ne me remettais jamais en cause. Ce n'est pas la bonne attitude et je l'ai reproduite pendant trop longtemps.»
Voilà donc notre buteur en herbe qui transite par Locarno, Young Boys, Wohlen, sans parvenir à s'affirmer. Aujourd'hui, il se sent en mesure de donner des conseils. «A Neuchâtel, il y a de nombreux jeunes de talent. S'ils ne sont pas tout de suite titulaires, ils doivent continuer à s'accrocher. Ce n'est qu'en restant assez longtemps dans un club que l'on peut réellement progresser.»
Moreno, lui, a connu le déclic à Baden en 2000. 17 buts en 29 matches lui ont valu un passage à Vaduz, un club où il a donné sa pleine mesure: en une saison et demie, il a trouvé à 40 reprises le chemin des filets! «A l'époque Vaduz était réellement un club familial, une ambiance que j'ai retrouvée à Xamax. Et j'avais une relation particulière avec l'entraîneur, Walter Hörmann. Non seulement il me faisait totalement confiance, mais il demandait aussi régulièrement mon avis. Il a su me responsabiliser.»
Demain, à la Charrière, cependant, aucun sentiment particulier n'animera l'attaquant au moment de retrouver son ancienne équipe. «Tout a changé, constate-t-il. Je ne connais plus que trois joueurs. Il s'agira d'un match comme les autres, contre une équipe ambitieuse qui luttera aussi pour la promotion.»
Le passage dans la Principauté a valu un ticket pour la Super League à Merenda, transféré à Saint-Gall. Où il a su se faire aimer des supporters dans son rôle de «joker». «Le public était fantastique. Lorsque tu réussissais un bon match tout le monde t'arrêtait dans la rue pour te féliciter. Mais avec l'arrivée de l'entraîneur Ralph Loose j'ai compris que je n'avais plus ma chance.» D'où quelques mois sans grande satisfaction à Schaffhouse puis le transfert à Neuchâtel où ce jeune homme qui adore Diego Maradona - «même si je ne serai jamais capable de jouer comme lui», s'empresse-t-il de préciser - se sent revivre. «Gérard Castella me laisse évoluer selon mes caractéristiques. Je ne suis pas très rapide ni un grand dribbleur. La surface de réparation adverse est mon royaume. J'adore marquer, depuis tout petit.» Les supporters neuchâtelois souhaitent ardemment que le puissant attaquant (1,85 m pour 84 kilos) ne perde pas sa «vocation». /ESA