Ces jours, à la Halle aux enchères, les Plonk plantent leur jardin, encerclé de hautes palissades avec sarabande de légumes peinte à la main, comme les cages d'escaliers à l'ancienne. Les carottes poussent par les deux bouts aux côtés de pommes de terre ailées. Un scoop, la mine de carottes, exploitée depuis 1700, se trouve sous le Mont-Racine! La gousse de radon attend son heure en sous-sol. Peut-être sera-t-elle déterrée par la taupe géante des Pyrénées, grande dévoreuse de racines? Ou bien la retrouvera-t-on à l'aide du pic à gentiane et du râteau Art nouveau, oeuvres de Cédric Berthoud, autre créateur racinien et détourneur d'objet.
Dans ce jardin, le Style racinien reprend toute sa force. Pour faire sortir de l'oubli «ces artistes incompris qui ont voué leurs vies à exprimer la beauté fragile du salsifis, les lignes pures de la pomme de terre et la force tranquille de la betterave sucrière». Ce vibrant SOS figure dans le communiqué officiel diffusé hier.
Serait-ce donc sérieux? «Nous avons voulu une exposition fondamentale avec des oeuvres inédites», explique, pince-sans-rire, Jean-Daniel Jeanneret, responsable du projet Art nouveau. Plus sérieusement: «C'est une commande à des artistes de la région s'adonnant à un art considéré comme nouveau aujourd'hui. Nous avons osé l'autocritique et l'autodérision». / IBR
Halle aux enchères, Jaquet-Droz 23, vernissage vendredi 26 mai, 18h, en présence du Roi de Suisse et de quelques courtisanes vêtues en mode sapin et herbes folles (notre édition d'hier)