Le vent a singulièrement viré en faveur des éoliennes de Crêt-Meuron

Les éoliennes ne constituent pas une atteinte insurmontable au paysage. Le Tribunal administratif cantonal vient de rendre un nouveau jugement, favorable, au projet d'éoliennes de Crêt-Meuron. C'était peut-être la dernière manche entre promoteurs et opposants. Sept éoliennes hautes de 90 mètres tournant à plein régime sur le site protégé de Crêt-Meuron... Ce n'est plus tout à fait une utopie. Après une longue procédure juridique, ce dossier redevient viable. Jeudi, le Tribunal administratif neuchâtelois (TA) a débouté les opposants au projet de parc éolien prévu en contrebas de la crête de La Vue-des-Alpes.

29 avr. 2007, 12:00

«C'est avec une immense satisfaction que nous avons accueilli la nouvelle», exulte Martin Kernen. Le porte-parole de Suisse Eole admet que l'attente était teintée de confiance, tant les considérants du jugement du Tribunal fédéral (TF), du 31 août 2006, étaient clairs. «Dire, comme l'avait fait dans son premier jugement le TA, que la production est insignifiante par rapport à la protection des crêtes, équivalait à regarder le projet par le petit bout de la lorgnette», lance avec satisfaction Martin Kernen. «Si l'on ne prenait en compte que l'occupation au sol pour juger de l'utilité du projet, le ratio tournerait toujours à l'avantage du nucléaire», justifie Sven Engel, mandataire de la société anglaise Eole Res, promoteur du parc éolien de Crêt-Meuron. Celui-ci s'étendra sur 111 hectares et deux kilomètres de longueur.

Pour autant que les opposants ne recourent, à leur tour, au TF. «Nous sommes prêts à foncer, mais devons composer avec cette possibilité, avant de pouvoir déposer une demande de permis de construire», reprend Martin Kernen. Pour rappel, les premières oppositions (voir ci-dessous) avaient été déposées, début 2002, suite à la mise à l'enquête du Plan d'affectation cantonal. «Là encore, des oppositions sont envisageables, mais de la part de privés uniquement», précise Sven Engel.

Reste que pour Suisse Eole, le nouveau jugement du TA signifie que le décret de 1966 sur la protection des sites naturels du canton «n'est pas une interdiction absolue d'y faire des choses intelligentes, car ce territoire couvre tout de même 60% du canton. Du reste, le décret ne constituait qu'un point mineur du premier jugement du TA», souligne le chargé de communication. Le mandataire d'Eole Res met néanmoins les enjeux en évidence. «Le TF avait dit que le développement de l'énergie renouvelable est d'intérêt public en Suisse. Le jugement du TA résume ce que le TF avait affirmé.»

Dans le cas précis, le TA a fait une nouvelle pesée d'intérêts entre les énergies durables et la protection du paysage. Force est de constater que, cette fois-ci, la balance a penché du côté du développement durable. Il n'est pas impossible, en l'espèce, que les juges aient pris en considération les aménagements existants. Telle une ligne à haute tension, les téléskis et autres chalets de montagne. Le recours des opposants est donc rejeté et ceux-ci devront s'acquitter d'une douzaine de milliers de francs, au titre de frais et dépens. / STE