Assurément non. En fait, la carte de Tourisme neuchâtelois recense 76 km de tracés pour les raquettes, à La Robella, aux Cernets, près du Soliat, à La Brévine, de La Tourne aux Tablettes, à La Vue-des-Alpes et à Tête-de-Ran.
Le chemin grimpe, traversé par la piste d'un chevreuil. La neige crisse sous les raquettes. Lunettes de soleil, serre-tête, un couple arrive en face. Il avoue que, s'il suit cet itinéraire déjà bien tassé, c'est surtout parce que c'est moins fatigant. «Mais ça me dérangerait beaucoup qu'on ne puisse plus faire de raquettes où l'on veut, avoue madame. On vit dans un monde déjà tellement policé.»
La boucle ramène au parking. Les randonneurs rangent skis de fond ou raquettes. «C'est bien que l'Etat nous rappelle que, si l'on veut garder un peu de nature vierge, notre liberté n'est pas sans limites». «Il ne faut pas déranger la faune, mais il y a assez de place ailleurs», acquiescent les uns. D'autres affirment que les adeptes de la raquette aiment la nature et qu'il faut «faire confiance au bon sens des gens, ne pas exagérer avec les interdits.»
Au chapitre des paradoxes, des raquetteurs relèvent que l'Etat leur demande de faire attention mais autorise en même temps les forestiers à faire des coupes de bois en plein hiver dans la réserve du Creux-du-Van. Ou se demandent, en voyant de nombreuses empreintes de chevreuil et de renards dans les traces de skis et de raquettes, si on ne facilite pas ainsi leurs déplacements dans la haute neige.
«On ne fait pas de la raquette pour se retrouver sur des boulevards avec plein d'autres gens, mais en même temps je comprends que l'ampleur prise par ce sport sur notre petit territoire pose des problèmes pour la nature», résume ce visage qui émerge entre barbe et bonnet. Il avoue qu'il n'a «pas la solution», avant de se demander, pensif sous les derniers rayons de soleil, si ce ne sera pas l'extension de réseaux balisés. Comme pour le VTT. / AXB