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S'adapter oui, mais pas trop vite

Des paysans ont exprimé leur inquiétude, hier dans le cadre de Fête la terre, sur le rythme des réformes. L?ambassadeur suisse auprès de l?OMC estime, lui, que le temps presse Les restructurations de l'agriculture suisse vont trop vite pour la base paysanne. Elle se réjouit donc généralement de l'échec des négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en juin, lors de la conférence de Doha. C'est ce qui est ressorti du forum agricole public, qui a attiré une cinquantaine de personnes, hier, sur le site d'Evologia-Cernier, dans le cadre de Fête la terre.

25 août 2006, 12:00

«On ne peut pas vivre à côté du système, nous sommes obligés de nous adapter. Mais conquérir de nouveaux marchés demande du temps et des moyens, relève André Aebi, président de la Fédération laitière neuchâteloise. Le calendrier des réformes proposé par le Conseil fédéral, qui est encore plus agressif que l'OMC, est rejeté par l'agriculture!»

La Confédération prévoit qu'un tiers des fermes actuelles auront cessé leur activité dans dix ans. «Ça fait peur», s'inquiète Laurent Favre, directeur de la Chambre neuchâteloise d'agriculture et de viticulture. Secrétaire syndicale d'Uniterre, Valentina Hemmeler estime qu'il faut «profiter du coma de l'OMC» pour étudier d'autres pistes d'avenir.

Précéder le mouvement

L'agriculture est toujours en retard par rapport à d'autres secteurs économiques, évalue de son côté l'ambassadeur Luzius Wasescha, négociateur suisse auprès de l'OMC. Elle a, selon lui, à gagner d'une avancée rapide des négociations, car plus l'ouverture commerciale traînera, «plus le prix à payer par l'agriculture suisse sera élevé». Car, pendant ce temps, l'agriculture de l'Union européenne se réforme et la concurrence deviendra donc plus forte sur les marchés potentiels. Parmi les avantages de la globalisation, dit l'ambassadeur, la part de 0,8% du marché européen du fromage, qui deviendra accessible à la Suisse dans le cadre du libre échange de 2007, représentera 25% de la production laitière nationale. Cela doit inciter l'agriculture à se montrer dynamique.

Secrétaire de Bio-Neuchâtel, Pascal Olivier trouve quand même paradoxal, alors que 90% des produits mondiaux sont consommés sur place, que les échanges internationaux aient une telle influence.

Le conseiller d'Etat Bernard Soguel rappelle quant à lui que l'économie neuchâteloise vit à 90% des exportations et que l'ouverture au monde est donc indispensable. Le canton est prêt à s'engager pour maintenir une agriculture, pour «préserver un lien culturel entre la population et son alimentation». Mais elle doit poursuivre l'adaptation qui la bouleverse depuis 15 ans. L'encadrement social de l'Etat sera nécessaire, car un tiers des exploitations du canton sont menacées. Et le secteur, insiste le chef de l'Economie, doit miser sur la qualité, à l'image de l'horlogerie.

Agricultrice bio, Danièle Rouiller craint tout de même que l'exigence de produire aux normes et aux prix européens ne finisse précisément par entraîner une baisse de qualité.

L'avenir de l'agriculture suisse, thème du débat, paraît bien complexe. / AXB

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