Partiellement? Les végétaux évoqués ne sont que quelques exemples parmi les multiples manifestations inscrites à l'enseigne de «Latitude agricole», qui réunit notamment les Jardins extraordinaires, Poésie en arrosoir, Fête la terre et les Jardins musicaux dans une macédoine qui ne sera pas que de fruits (voir encadré).
Nature et artifice? Avec son installation intitulée «Acid /Greenhouse», à découvrir dès le 8 juillet dans le cadre des Mises en serres, François Jacques proposera au visiteur de «prendre conscience de ce qui nous guette: en utilisant une serre, on est loin de la manipulation biogénétique, mais c'est déjà, un peu, jouer au sorcier.»
Au programme, une serre d'Evologia d'une trentaine de mètres de longueur, vidée de son contenu et revisitée par l'artiste de Neuchâtel. Qui commencera par la rendre opaque en la camouflant entièrement. A l'intérieur, 54 pots de terre suspendus et retournés éclaireront un gravier constitué de 60.000 CD concassés et étalés sur le sol.
«Quand on voit une serre, raconte François Jacques, on voit un élément très simple de prime abord. Mais en fait, c'est un objet industriel très puissant, qui capte la chaleur, la retient, qui contrôle la nature à des fins de production et même de productivité. Il n'y a qu'à voir ces serres en Espagne qui permettent de récolter des tomates une dizaine de fois par année. Sans parler des serres que l'on chauffe en hiver...»
L'artiste reste dans le verre. L'année dernière, entre les deux façades de... verre de la tour de l'OFS, à Neuchâtel, il avait installé un filtrage jaune-vert en acrylique translucide. Il poursuit: «Je me souviens aussi de la région où habitait ma grand-mère, en Valais. La construction d'une serre avait été autorisée dans une zone non constructible, puisqu'il s'agissait d'une activité agricole. Dix ans plus tard, il y avait trente serres, une vraie usine à végétaux.»
Avec «Acid /Greenhouse», François Jacques se propose de «révéler un processus artificiel en agissant sur son fonctionnement». D'où un ensemble d'«inversions»: une serre non pas translucide mais opaque, des pots retournés, une lumière certes émise du plafond mais qui se reflétera dans le sol. «Le CD, c'est l'informatique, le numérique, le virtuel, c'est le niveau le plus poussé de la technologie.»
Une grande table en verre acrylique vert fluo, en forme de «u», et dotée de bancs, complétera l'installation. L'endroit servira d'ailleurs de cadre à des réceptions qui n'auront, elles rien de virtuel. «J'ai pensé à la sainte cène, avec des convives qui auront au préalable marché sur une sorte de miroir.»
Car il y a création et Création. Et un miroir, on sait qu'il réfléchit. Un jeu de mots et de sens de plus dans une installation qui ne se veut pas polémique: «Ma volonté n'est pas de dénoncer quoi que ce soit, mais de montrer un fonctionnement, du moins tel que je le perçois. Mais il va de soi qu'un endroit comme Evologia se doit de disposer de serres. Et dans le même temps, je me réjouis de l'évolution de ce lieu: nous avons passé d'une école d'agriculture à un site qui a su diversifier ses activités, jusqu'à devenir un lieu de culture dans tous les sens du terme.» / PHO