«Les plantes ornementales ne se mangent pas. Alors les gens pensent qu’il est moins important de passer leur production au bio.» Les autorités de la ville de Neuchâtel ne sont pas de cet avis.

Ce lundi 24 avril, l’ingénieure agronome Françoise Martinez et ses collègues ont annoncé que l’établissement horticole de la Ville, installé à Cernier, avait passé le cap.

Les serres de la Ville de Neuch passent au bio

Cernier, 24 04 2023
Photo David Marchon © DAVID MARCHON Il y a du boulot pour passer au bio. Photo: David Marchon

Depuis le début de l’année, la production des 250 000 plantes est devenue entièrement biologique. Neuchâtel vise le label Bio Suisse, qu’elle pourra obtenir après une conversion de deux ans.

D’après les autorités, il s’agit d’«une première en Suisse romande pour un établissement horticole de cette taille».

Lors d’une conférence de presse organisée dans les serres, Mauro Moruzzi, conseiller communal, s’est réjoui de «l’enthousiasme» de ses équipes. «Obtenir le label bio, c’est joli sur le papier. Mais il y a beaucoup de travail à effectuer.»

Romain Loup, contremaître de l’établissement horticole, a admis avoir passé quelques nuits difficiles. Du terreau à l’engrais, en passant par la lutte contre les ravageurs, il a fallu tout repenser. «L’observation est nécessaire afin de pouvoir agir très vite en cas de problème.»

Les serres de la Ville de Neuch passent au bio

Cernier, 24 04 2023
Photo David Marchon © DAVID MARCHON

Romain Loup est contremaître de l’établissement horticole de Cernier. Photo: David Marchon

Car si les produits phytosanitaires permettent de traiter rapidement une maladie, c’est plus compliqué avec les techniques bios. «Regardez cette plante. Elle a des taches sur ses feuilles. C’est de l’oïdium, un champignon. Il est presque impossible de l’éradiquer avec les produits bios. Nous allons enlever les feuilles malades et essayer de traiter.»

Pour l’instant, Romain Loup est satisfait du résultat global. Si son équipe a préféré éviter de faire pousser des pétunias, variété sensible, il assure «n’avoir pas encore dû renoncer à utiliser d’autres plantes.»

Nous devons être exemplaires si nous voulons prêcher la bonne parole auprès des privés.

Mauro Moruzzi, conseiller communal

Il faut dire que la production n’est pas passée du tout chimique à rien. «En 1996, à l’ouverture de l’établissement horticole, le chef de culture utilisait déjà la lutte biologique», précise Françoise Martinez.

En 2001, le site obtient le label IP Suisse. En 2017 commencent les premières réflexions pour passer au bio.

Sur le terrain, la ville n’utilise plus de produits phytosanitaires, ni d’engrais minéraux, depuis 2016. Les domaines viticoles et agricoles de Neuchâtel sont tous progressivement convertis au bio.

Faire de même avec l’établissement horticole est donc une suite logique, a souligné Mauro Moruzzi: «Nous cherchons une cohérence. Nous devons être exemplaires si nous voulons prêcher la bonne parole auprès des privés, qui possèdent 60% des espaces verts de la zone urbaine.»

Les 250 000 plantes de la ville de Neuchâtel passent au bio

Fini les produits phytosanitaires dans la production des végétaux qui embellissent la capitale cantonale. Neuchâtel compte obtenir le label Bio Suisse en 2025.