«C'est la cinquième année que j'ai l'occasion de proposer aux élèves d'assister à une audience, explique l'enseignant, Patrick Vuilleumier. Le temps nous manque malheureusement pour généraliser ce type de sortie».
Si des expériences comme celle de mardi sont rares, elles restent cependant très appréciées des élèves. «C'est du concret. Ce n'est pas tout les jours que l'on peut se rendre dans une salle de tribunal».
Après quatre affaires n'offrant guère d'intérêt au jeune public, le tribunal s'est attaché à juger un jeune homme prévenu de lésions corporelles graves.
Sous le regard des élèves, l'accusé et le plaignant ont fait leur entrée dans la salle, flanqués de leur mandataire respectif. Raison de leur présence, une altercation lors de laquelle le premier aurait frappé le second avec une bouteille de bière, le blessant au visage et lui brisant le nez.
«C'était un peu comme au théâtre, explique Nicolas de la 9M3. Les avocats faisaient le spectacle».
Une opinion partagée par ses camarades. «Il y des moments où j'oubliais même que c'était bien la réalité et pas une émission de télévision», détaille Loïc. Et Raphaël d'attribuer, lui, la palme de l'éloquence à l'avocat du plaignant. «Je ne sais pas si son client est tout blanc dans l'affaire, mais lui il a bien fait son boulot. Moi je l'engagerais tout de suite».
Egalement impressionné, Jean-Marie livre un commentaire en forme de classement. «L'un des deux avocats était clairement plus expérimenté que l'autre, il en jouait un peu. Je me demande comment ça se serait passé avec deux avocats du même acabit».
Un esprit critique dont la classe ne s'est pas départi lors du débriefing, en salle de classe, hier, à Cernier. «C'est dingue comme les avocats déforment la réalité. Chacun arrive avec une version contradictoire», explique Nicolas. «En plus, ils emploient un vocabulaire compliqué pour dire des choses simples. Je me demande quelle influence réelle ça peut avoir sur le juge», relève Raphaël.
Un juge dont la tâche est donc apparue aussi essentielle que complexe aux élèves de Cernier.
Le jugement n'ayant pu être rendu mardi, la classe devra attendre la semaine prochaine pour connaître l'issue du procès. «C'est dommage, mais le bilan est déjà très positif. Ils ont vraiment été très attentifs et critiques, explique Patrick Vuilleumier. Après une première audience qui s'est terminée par une conciliation, je n'ai pas eu à poser deux fois la question pour savoir s'ils souhaitaient rester. C'est génial!» / YHU