Quatre trombones résonnent des coulisses. Trois «Equales» de Beethoven. Pièces funèbres jouées lors de ses funérailles. Le quatuor La Trombocina fait de cette curiosité musicale une uvre sobre et prenante. Sur scène, le quatuor Sine Nomine est prêt à nous offrir la «Grande fugue op.133». Puissance sans cesse renouvelée dans les passages les plus ardus, développement polyphonique clair, douceur dans les pages apaisantes. L'intelligence et la maturité du quatuor ont porté, samedi, cette uvre exceptionnelle.
La première partie permettait de découvrir des pièces vénitiennes du 16e siècle. Cette musique peu ornée exige une interprétation aux fines nuances; le quatuor à cordes joue presque sans vibrato. Le quatuor de sacqueboutes (l'ancêtre du trombone) est d'une parfaite cohésion. Des pièces funèbres encore, de Stravinski. L'élégie pour alto seul est d'une désolation méditative. Le ténor Stuart Patterson sert «In memoriam Dylan Thomas» avec ferveur et concentration.
Des enfants (et des adultes!) entonnent «Frère Jacques» en canon à quatre voix. Valentin Reymond dirige l'assemblée et Marc Pantillon accompagne au piano. Le conférencier-animateur Vincent Adatte, à l'aide de ses deux compères, explique ce qu'est un canon, une fugue. A l'écran, les courts métrages de Norman McLaren illustrent son discours! Petits films d'animation plein d'humour, plus ou moins didactiques, parfois vraiment drôles. Les plus petits s'amusent inlassablement du micro virevoltant et de la chaise ingénue.
La nuit tombe sur Cernier. Assis dans un transat, réchauffé par une couverture, le spectateur assiste à la dernière expérience acoustique de la journée. La serre est comble pour écouter «Bleu nuit», pour expérimenter une soirée acousmatique. On regarde les étoiles par les vitres, pendant que la bande sonore nous envahit. On est pris par des essaims de moustiques, des bruits de morses, de papier froissé, enflammé. Le son se déplace, il est spatialisé au fur et à mesure de son développement. Pas de scène ni de musicien. Un orchestre de haut-parleurs disséminés dans la salle. Il n'y a rien à voir, si ce n'est l'image mentale que cette musique provoque.